Arnaud Montebourg s’enflamme pour les opérateurs télécoms historiques et (un peu) pour nos données


Le ministre du redressement productif proclame sa volonté de protéger les opérateurs télécoms français contre un rachat extra-européen. Incidemment, il veut créer de la valeur à partir de nos données en France. Il écrase beaucoup de pieds au passage.

Le ministre du redressement productif, Arnaud Montebourg a laissé libre cours à sa verve et à sa fougue dans un discours enflammé de la défense des intérêts des opérateurs télécoms historiques français, vendredi 31 Janvier. Il s’exprimait lors de la cérémonie des vœux de la Fédération Française des télécoms, le lobby des opérateurs télécoms de l’hexagone. 

Le ministre écrase beaucoup de pieds


Le ministre a taclé les géants d’internet extra-européens, les autorités de régulation, en l’occurrence l’Arcep et l’Autorité de la concurrence, l’Europe et Free (sans jamais nommer ce dernier toutefois). Si ses intentions apparaissent sur certains points louables, il écrase beaucoup de pieds au passage sans que l’on comprenne totalement sa stratégie et si elle portera ses fruits.

Il rappelle qu’il vise le raccordement de 60% de la population française à la fibre optique en 10 ans sans augmenter les impôts, qu’il entend protéger les opérateurs télécoms contre un rachat par un concurrent extra-européen, protéger les données personnelles des citoyens hexagonaux, et créer de la valeur à partir de ces données en France, et non aux Etats Unis, chez les géants du web.

La fibre optique est le chantier du quinquennat

« La fibre optique est le chantier majeur du quinquennat » affirme-t-il. Et pour garantir le succès de l’opération, il mise sur les opérateurs télécoms. Le chantier coûtera 30 milliards d’euros indique-t-il. Regardant la salle, où se trouvent les représentants des opérateurs « Vous vous êtes engagés à couvrir 60% de la population française dans les 10 ans qui viennent. C’est un objectif qui ne sera rempli que si le secteur est solide » déclare-t-il.

« Sinon cela devra être payé par les contribuables, » menace-t-il, alors « que les opérateurs se livrent à une guerre des prix aussi irresponsable que destructrice. » Le ministre ne veut plus des excès consuméristes à court terme de la concurrence. « Nous voulons que les opérateurs retrouvent une place éminente, c’est notre ressource, notre force, notre puissance. C’est pour cela que nous voulons modérer, tempérer, les effets de la concurrence » dit-il.

Renforcer la solidité du secteur

« C’est pour cela que nous nous intéressons aux dangers de la concurrence, à la destruction qu’elle risque de produire. On a favorisé le court terme du consumérisme. Nous risquons par excès d’amour du consommateur, de détruire le producteur.  Nous voulons réconcilier les intérêts de court terme des consommateurs, avec les intérêts de long terme des producteurs. C’est l’intérêt de la nation. Voilà pourquoi nous voulons renforcer la solidité du secteur » déclare-t-il.

Il aura fustigé les autorités de régulation, qu’il s’agisse de l’Arcep ou de l’Autorité de la concurrence, à qui n’appartient pas de dire ce qui est bon ou mauvais dans le secteur des télécoms, selon le ministre. Il s’agit de réformer l’Arcep –qualifié de comité Théodule – « de réduire ses pouvoirs, de la remettre à sa place ». Arnaud Montebourg en profite pour rappeler son soutien à Fleur Pellerin, ministre de l’économie numérique, dans cette démarche. Seuls la CNIL (Commission nationale de l’informatique et des libertés) et le CSA (Conseil supérieur de l’Audiovisuel) trouvent grâce à ses yeux.

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