Adoption de l’IA et crainte face au réglementaire chez les Fintechs françaises

Présentation du classement Fintech 100, 23 avril

Le classement 2024 des Fintechs françaises montre une forte animation du secteur et une relative raréfaction des financements qui s’élèvent tout de même à 482 millions d’euros sur 2023. Le secteur affiche une croissance, sur fond de bouleversement des entrants et des sortants dans le Top 100 et de modification du mode de calcul du chiffre d’affaires des assureurs. Les effectifs grandissent et s’approchent de 15 000 personnes, contre 14 000 en 2023 (+7 %).

C’est la fintech Qonto qui se hisse à la tête du classement Fintech 100 2024. Elle revendique 450 000 clients sept ans après son lancement. Elle est suivie par Ledger (spécialiste de la sécurisation matérielle des données par cryptographie) et Younited Credit (spécialiste du crédit délivré en ligne et géré par l’IA). Le classement Fintech 100 est établi par Finance Innovation et Truffle Capital, en partenariat avec le groupe BPCE (Banque Populaire Caisse d’Epargne), Sopra Steria et Sopra Banking Software.

Consolidation en cours du secteur

Selon les auteurs de l’étude, on observe une forme de maturité du secteur qui s’illustre par l’importance donnée à la rentabilité des capitaux investis et par la consolidation en cours. En témoigne les 10% de fintechs du palmarès 2023 qui sont sortis pour cause de cessation d’activité ou car elles ont été rachetées. Le secteur est dynamique. « Il y a 39 nouveaux entrants dans le Fintech100 en 2024 » relève Maximilien Nayaradou, DG de Finance-Innovation.


Le DG pointe les craintes des fintechs face à l’incertitude réglementaire. « En fin de compte, les fintechs craignent plus les incertitudes de l’évolution de la réglementation que la concurrence, le ralentissement économique, la diminution des financements disponibles et la pénurie de talents » souligne-t-il. L’heure est à faire du chiffre d’affaires. « Même si l’effort de R&D reste important, les forces se portent vers le développement du chiffre d’affaires » termine-t-il.

Vers des entreprises à la croissance rentable

La concurrence dans le secteur est vive. « Cette compétition se joue sur le terrain de la rentabilité des capitaux investis et favorise l’émergence d’entreprises à la croissance rentable » se réjouit Bernard-Louis Roques, Co-fondateur et DG de Truffle Capital. « Si de nouveaux acteurs émergent, des acteurs qui ne sont déjà plus des startups, bientôt plus des scaleups mais en passe de devenir des ETI, s’installent durablement dans le classement. »

Environ 50% des Fintechs utilisent l’IA cette année comme une technologie essentielle

L’étude montre l’adoption massive de l’IA par le secteur. Environ 50% des Fintechs utilisent l’IA cette année comme une technologie essentielle, en particulier pour le marketing (74%) dans la création de contenus, les campagnes et la personnalisation. 53% l’utilisent pour du développement informatique et du codage, 46% pour de l’optimisation des processus internes. Seulement 7% considèrent que l’adoption de l’IA réduira les effectifs. De fait, la quasi-totalité des fintechs prévoient de recruter dans les 6 prochains mois.

L’étude montre que les Fintechs s’appuient principalement sur quatre technologies : l’IA (IA, IA Générative, Machine Learning, Deep Learning, Data Mining), la Data (Data management, analytics, Privacy Enhancement technologies), les Interfaces et l’ouverture (Ouverture et intégration des systèmes, Open finance, Open banking, BaaP, BaaS, API management). Ces technologies sont précisément celles qui sont nécessaires pour maîtriser la création de valeur liée à la circulation des données entre les acteurs:

Internationalisation d’abord vers les pays européens

Les Fintechs ont une ambition internationale. En 2024, les fintechs s’internationalisent, plus particulièrement vers les pays de l’Union Européenne. Cette année, 68% des entreprises disposent d’une couverture internationale. L’Europe reste la destination privilégiée avec la moitié des Fintechs présentes en Europe de l’Ouest, 40% au Benelux et 33% dans la péninsule ibérique. On note également une présence en Amérique du Nord (20%), en Asie Pacifique (12%) et en Amérique Latine (11%).

À l’inverse, seulement 4% des fintechs sont présentes au Moyen-Orient, mais 13% ont le projet de s’y implanter. Ces ambitions imposent aux entreprises d’y allouer des ressources conséquentes. On constate une implication croissante des fintechs dans le domaine réglementaire, avec plus de 80% des entreprises qui y allouent des ressources et la moitié qui perçoivent la conformité et l’évolution de la réglementation particulièrement étoffée en Europe comme leur défi majeur.

72% du classement est occupé par des Fintechs « B to B« 

Le Palmarès 2024 connaît cette année une profonde recomposition et le segment des Fintechs « B to B » constitue désormais 72% des entreprises du classement. C’est +15 points par rapport à 2022. Il y a 39 nouvelles sociétés qui entrent au classement parmi lesquelles Pigment qui prend d’emblée la 10ème place et 10% de celles de l’édition précédente sortent en raison de cessation d’activité ou d’acquisition parmi lesquelles l’assureur en ligne Luko, acquis par Allianz.

L’enquête et la collecte d’information ont été réalisés entre le 1er février le 5 avril 2024 auprès des startups de la Fintech et Assurtech françaises.

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