Arnaud Montebourg s’enflamme pour les opérateurs télécoms historiques et (un peu) pour nos données


Je suis élu donc j’ai raison

Il affirme « nous voulons des ententes, au sens utile », et il poursuit : « j’ai déclaré à l’Autorité de la concurrence quand elle est venue dans mon bureau, vous vous êtes contre les ententes, et moi je les organise. Vous vous êtes nommés, moi je suis élu, donc qui a raison, forcément moi ! » Des propos qui ont déclenché les applaudissements du public.

Il entend lutter contre la balkanisation et le morcellement des opérateurs en Europe. Le ministre rappelle qu’il existe trois opérateurs principaux aux Etats Unis, deux et demi en Chine et cent vingt en Europe. Ce morcellement devrait « susciter la convoitise des opérateurs télécoms extra européens, qu’ils soient chinois ou américains, et qui disposent de milliards pour faire leur marché dans le désordre des liliputiens qui ‘s’engueulent’ sur la place publique » déclare le ministre.


Free doit déployer ses propres infrastructures

Arnaud Montebourg apprécie la démarche de l’Allemagne, qui « passe à une configuration à trois de son réseau. » Il souhaite une évolution ordonnée des opérateurs. Il salue la mutualisation des réseaux de SFR et de Bouygues Téélcom (sans citer explicitement toutefois les noms de ces deux opérateurs). « La mutualisation des réseaux est un pas majeur pour le retour du secteur à l’équilibre » affirme-t-il. Il poursuit en mettant la pression sur Free, sans le nommer, en félicitant Stéphane Richard, PDG d’Orange, qui parle apparemment de la fin de l’itinérance.

Il conseille aux opérateurs de se préparer à la fin de cette itinérance. « L’opérateur doit se préparer à disposer de sa propre infrastructure afin de fournir ses offres de manière autonome. Ces facilités étaient transitoires pour introduire plus de concurrence. Le calendrier de la fin de l’itinérance doit être négocié par les opérateurs en 2014 » affirme-t-il.

Nous sommes tous des Ghandi de la donnée

Reste la partie plus sympathique de son discours, façon village gaulois. « Nous ne voulons pas disparaître dans l’univers numérique » déclare-t-il. Il ne veut pas que les opérateurs français, dans le désordre européen dangereux, soient réduits à de simples fournisseurs de tuyaux. « Ils ne doivent pas être des sous traitants des décisions des géants du web, ni être en situation de dépendance » affirme-t-il. Il veut affirmer notre souveraineté numérique. « Nous défendons nos libertés y compris sur les données personnelles » dit-il.

Le ministre reprend l’exemple de Ghandi qui s’est élevé contre les Anglais qui interdisaient aux Indiens de tisser le coton qu’ils cultivaient, et qui le leur revendaient via la compagnie orientale des Indes. Un exemple qu’il avait déjà employé en Juin dernier lors de l’assemblée générale de l’ebg.

Gulliver contre les Lilliputiens

Après l’exemple de Ghandi, il a ajouté l’exemple de Gulliver. « Allons-nous laisser Gulliver nous coloniser, pendant que les lilliputiens se disputent ? » interroge-t-il. Il affirme notre souveraineté numérique face aux géants du Web qui ne contribuent pas au coût des infrastructures télécoms déployées par les opérateurs.

« Nous devons exploiter la valeur de nos données sur notre territoire national. Nous n’avons pas vocation nous Européens, à devenir une colonie numérique des géants de l’internet mondial » poursuit-il.  « Nous soutenons l’Europe lorsqu’elle s’intéresse à autre chose que les subventions de 200 000 € pour les auto écoles » conclut-il.

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