L’expérience client délivrée par les banques en question face aux Fintechs


L’arrivée des startups des Fintech met sous pression les banques traditionnelles. De nouveaux services bancaires placent le client au centre de toutes les attentions et remettent en question l’attitude des réseaux bancaires en matière d’expérience client. 

Les lourdeurs des banques sont mises en pleine lumière par la montée en puissance des Fintech. C’est ce que montre l’événement FinTech Day organisé par Octo Technology, une société de conseil en informatique, le 25 mars à Paris.

Le client au centre


Les Fintech sont des startups qui marient finances et nouvelles technologies pour délivrer des services bancaires au grand public ou aux entreprises. Elles placent le client au centre de toutes les attentions.

L’événement organisé par Octo Technology a été l’occasion de rappeler la longue liste des défauts des banques, égrenée par Sylvain Fagnent, soulignant qu’il faut bien aborder les sujets qui fâchent. Une attitude courageuse face à un public où se trouvaient la Société Générale, le Crédit Agricole, HSBC, BNP Paribas, Natixis, la Caisse des dépôts et des banques privées.

Les produits d’abord

Les banques sont centrées sur les produits d’abord, ajoutent des frais de manière opaque, ont des produits et des processus complexes, … Côté systèmes d’information, elles emploient des technologies du 20ème siècle, difficiles à faire évoluer, et leur approche consiste à rationaliser, c’est à dire à faire la même chose pour moins cher.

« L’innovation a disparu des DSI des banques » résume Sylvain Fagnent. Il s’est également fait l’écho du point de vue d’une Fintech sur le mode de fonctionnement des banques par rapport à celui des startups : « dans une banque il faut quinze personnes pour décider de bouger un stylo. » Un autre participant, membre également d’une Fintech, en apparté dira : « une innovation ne peut entrer dans une banque que si quelqu’un considère que cela va être bon pour son avancement. »

Autre souci, les banquiers français semblent peu curieux de l’arrivée du Fintech, relève Sylvain Fagnent. « Ils n’étaient que quatre banquiers français sur 120 participants lors du dernier finovate, le salon de l’innovation dans le domaine des services bancaires qui s’est tenu récemment » regrette-t-il.

Anciens banquiers

Face aux banques,  les Fintech se parent de nombreuses vertus. Elles mettent le client en premier – elles sont d’ailleurs souvent créées par d’anciens banquiers déçus par l’attitude de leur employeur qui pensait marges et produits sans jamais parler bénéfice pour le client- et elles proposent des services simples à utiliser, de la transparence sans frais cachés, elles sont menées par la donnée, et emploient des technologies actuelles.

L’aspect données est très important, car les banques traditionnelles ont énormément de données, les rangent dans des silos, et n’en font rien alors que les Fintech croisent ces données. A la décharge des banques traditionnelles, les Fintech ciblent en général un seul point de friction, « a pain point » dans la chaîne de valeur et s’emploient à y répondre, alors que les banques traditionnelles sont généralistes.

La protection de la réglementation

Dernière critique faite aux banques,  elles se croient protégées par leur respect d’une réglementation contraignante face aux attaques des startups de la Fintech et elles pensent bénéficier de l’intelligence de leurs gros systèmes d’information qui ont coûté très cher à développer. Une attitude qui ne devrait pas les protéger longtemps, estime Sylvain Fagnent.

Il en veut pour preuve la Grande Bretagne, où la réglementation joue désormais contre les banques à la suite de la crise des subprimes, avec notamment la possibilité de transférer l’ensemble de ses comptes d’une banque à une autre, de manière standard. Une procédure qui ressemble au changement d’opérateur mobile en France grâce à la portabilité du numéro.

Format d’échange commun

« Les grandes banques se sont mises d’accord sur un format d’échange, plutôt que de se le voir imposé par les autorités réglementaires » note-t-il. Une évolution britannique qu’il anticipe de voir arriver au niveau européen d’ici cinq à dix ans Les Fintech font bouger la banque qui doit changer sa manière de penser, conclut-il.

Photo : Sylvain Fagnent, consultant de la practice digitale chez Octo Technology, le 25 mars. 

 

Des Fintech à prendre au sérieux

« Les Fintech ne peuvent plus être considérées de haut par les banques traditionnelles » affirme Sylvain Fagnent, consultant de la practice digitale chez Octo Technology. Les Fintech atteignent des valorisations désormais très élevées.

Square pèse 6 milliards de dollars en commercialisant du paiement sur mobile, Stripe est à 3,6 milliards de dollars en proposant du paiement en ligne, Powa est à 2,7 milliards, Adyen à 1,5 milliards, et Credit Karma à 1 milliard. Ensemble, ces sociétés ont levé 1,3 milliards de dollars d’investissement.

Les startups de la Fintech se multiplient. Il y avait 1042 startups de la Fintech en 2014, elles n’étaient que 248 en 2013. C’est donc une multiplication par quatre du nombre d’acteurs selon les chiffres de Venture Scanner. Quant aux investissements totaux dans ce secteur, ils sont passés de 3 milliards de dollars en 2013 à 15 milliards en 2014.

Si l’on regarde les segments des services en bancaire en changement, dans le prêt aux particuliers on trouve OnDeck, Lending Club ou Kabbage, dans la gestion personnelle de ses finances, il y a Credit Karma, dans les paiements Square et Stripe, pour la banque de détail, il y a Simple, fidor bank, Holvi  ou Alibaba.com.

Les Fintech sur les segments les plus rentables

De nouveaux acteurs apparaissent sur tous les segments de la banque de détail, souvent dans la partie front-office. Ils sont pour la plupart américains. On trouve Stripe dans le paiement en ligne, qui vient concurrencer Paypal, et dont le service se met en place en à peine deux heures de temps sur un site.

Il y a Powa pour le paiement via mobile, Wealthfront et Bettermont qui proposent des robots d’investissement à destination du grand public,. Le premier a 2 milliards de dollars sous gestion, et le second 1 milliard de dollars. D’autres prennent en charge toute la pile des services bancaires comme Simple, Fidor, Holvi ou le chinois Alibaba.

Le front office rentable

« Ils se positionnent sur le front office, qui est le plus rentable, et pas sur la partie réglementaire » pointe Sylvain Fagnent d’Octo Technology. Il se montre également impressionné par Standard Treasury qui est en train de développer une plateforme logicielle de système bancaire central, un core banking service moderne, accessible via des APIS, avec des langages de programmation modernes, qui sera utilisable par les Fintech, et d’autres.

 

 

 

 

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