Le président d’IBM France monte au créneau pour défendre ses Mainframes


Les Mainframes sont un marché critique pour IBM. Alain Bénichou, président d’IBM France a défendu leur valeur sur l’antenne de BFM Business. Ses arguments sont discutables à l’heure où Big Blue vit une hémorragie grandissante de ses clients Mainframe dans l’hexagone. 

C’est le président d’IBM France en personne, Alain Bénichou, qui est monté au créneau le mardi 18 février sur les antennes de BFM Business afin de présenter les Mainframes d’IBM comme des systèmes informatiques ouverts et au rapport performance prix inattaquable pour les applications critiques. Un point de vue qui se discute.

La défection du PMU et de la CNAF


L’enjeu est d’importance pour IBM à l’heure où un de ses clients phares comme le PMU est en train de quitter son Mainframe et a débuté sa migration vers des systèmes ouverts, et où la CNAF (Caisse Nationale d’Assurance Familiales) est également bien engagée sur sa sortie des Mainframes. Sans parler des autres entreprises françaises désormais convaincues qu’il s’agit de tourner la page des grands systèmes, tant pour réduire les coûts que pour gagner en agilité.

Pour défendre sa position, le président d’IBM France a cité une étude IDC commandée pour l’occasion. « Les Mainframes portent 13% de la richesse produite en France » a-t-il affirmé. Il a décrit les Mainframes comme étant des systèmes permettant des millions d’accès simultanés, et hébergeant des bases de données extrêmement sécurisées.

65% des applications critiques de la France sont sur Mainframe 

« Ce sont des serveurs qui sont aux impôts, dans la banque » a-t-il cité. « 65% des applications critiques en France fonctionnent dans des Mainframes, ces applications sans lesquelles on ne pourrait pas vivre comme nos relevés bancaires ou nos impôts. Ils supportent 13% du PIB en France, cela a été un étonnement pour nous, sans ces grands systèmes, il y aurait 13% de richesse qui ne se créerait pas, ils [NDLR : IDC] ont vu ça » a-t-il déclaré.

Second sujet d’étonnement pour Alain Bénichou, en tout cas annoncé comme tel par lui, « le Mainframe c’est 2,8% de la dépense informatique en France, y compris le personnel, pour 13% du PIB et 65% des applications critiques.  » Conclusion, pour le président d’IBM France : « donc quand on parle de compétitivité, et de productivité, le Mainframe est sans doute la plateforme la plus productive. »

Réduction des coûts par  deux ou six à la CNAF

Un argumentaire qui n’a pas l’air d’avoir convaincu la CNAF puisqu’elle gère actuellement un appel d’offres afin de remplacer ses Mainframes qui lui coûtent environ 30 millions d’euros par an. C’est ce qu’indiquait Hervé Drouet, directeur de la CNAF, devant la mission d’évaluation et de contrôle des lois de financement de la sécurité sociale (MECSS).

Le directeur de la CNAF reconnaissait alors que le coût de 30 millions d’euros annuel pouvait  être significativement réduit par l’adoption de systèmes ouverts. « Les systèmes ouverts sont beaucoup moins coûteux puisque ce ne sont pas des systèmes propriétaires » avait-t-il reconnu devant la mission.

Il s’était toutefois refusé à confirmer si le coût serait divisé par deux ou par six. « Cela dépendra des options retenues » avait-t-il répondu à Pierre Morange, député membre de la mission qui l’interrogeait. Quant au PMU, la réduction des coûts évoquée est également particulièrement importante lors du passage vers des systèmes ouverts. 

Des Mainframes ouverts aux nouvelles applications

Dans la suite de son intervention sur BFM Business, le président d’IBM France a défendu le côté moderne de l’usage des Mainframes. « Nos clients continuent d’investir tous les ans, le nombre de MIPS, de moteurs, ne fait que croître chaque année » a-t-il annoncé.

« Un ami banquier me disait que lorsque vous ouvrez votre application bancaire sur votre tablette, vous générez 17 transactions sur le site central, il y a une explosion de la demande. Nous sommes obligés d’augmenter le rapport performance prix de ces machines pour ne pas faire exploser la dépense, bien évidemment » a-t-il déclaré bonhomme. De même, il a cité l’exemple de l’hébergeur Oceanet « qui vient d’acquérir un Mainframe pour gérer son Cloud. »

Durant son intervention, un bandeau passait sous l’écran, annonçant que le mainframe emploie 5% des compétences informatiques en France, et 30 000 collaborateurs.

 Le Mainframe,  Linux et le Big Data

Alain Bénichou s’est employé à défendre le fait que le Mainframe soit un système ouvert et non un système propriétaire, en prenant l’exemple sans toutefois citer de marque de l’usage des tablettes iPad d’Apple. « Les systèmes propriétaires ne sont pas ceux que l’on croît, essayer de transférer depuis votre tablette une chanson vers un autre système, vous verrez que ce n’est pas si simple. Le système Mainframe maintenant est un système ouvert. Il marche sur Linux » a-t-il déclaré. Cet argument date de plus de dix ans, a été souvent employé par IBM mais pour l’heure peu d’entreprises ont réellement porté des applications Linux sur Mainframe.

Enfin, il a également cité le Mainframe comme étant la plateforme idéale pour le Big Data, autre domaine où IBM se veut particulièrement présent. Reste qu’employer un Mainframe pour faire du Big Data est loin d’être la solution choisie actuellement par les entreprises, à l’heure où Big Data rime avec Hadoop – une plate forme de logiciels libres – et à base de serveurs banalisés à petit prix.

Par exemple, la banque Crédit Mutuel Arkea a déployé du Big Data et pour cela a branché une plateforme Hadoop d’une centaine de serveurs x86 sur son Mainframe, celui-ci étant nettement plus coûteux.

Réduire ses coûts pour financer le numérique

Le paradoxe est qu’Alain Bénichou a parfaitement expliqué le mécanisme en place dans les entreprises actuellement. « Elles doivent se transformer et pour cela réaliser des économies pour investir dans le numérique, le Cloud » dit-il. C’est exactement ce que réalise le PMU, qui démonte son Mainframe afin de gérer sa croissance dans le numérique.

Le président a conclu en affirmant que « les systèmes Mainframes et les systèmes Unix restent le cœur de notre business, nous vendons les serveurs Intel à Lenovo. » On comprend d’autant mieux sa volonté de défendre le marché du Mainframe.

Photo, Alain Bénichou Président d’IBM France, sur BFM Business. 

Retrouver l’interview de Alain Bénichou sur BFM Business en cliquant ici. 

2 réactions sur “Le président d’IBM France monte au créneau pour défendre ses Mainframes

  1. François

    Le Mainframe est MORT tout comme les dinosaures ont disparu à la fin de l’ère primaire.
    Acheter des produits (disques durs ou SSD par exemple) à 8-10 fois le prix des concurrents C’EST FINI.
    Etre pieds & poings liés avec un constructeur c’est passé de mode
    La pensée unique centralisée typique du mainframe est HAS BEEN
    IBM est à l’informatique ce que la Corée du Nord est à la politique et au monde moderne en termes de mode de vie.

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  2. Martial

    Ça fait au moins 20 ans que je l’entends celle-là. Le mainframe serait mort parait-il. Sauf que, le mainframe fait tourner java, et non seulement il le fait tourner, mais il est le seul à le faire avec un OS java virtualisé. Tout ce qui existe en dehors du mainframe existe désormais dans le mainframe : Linux, Java, et bientôt Windows et son framework .net.
    C’est le seul système capable de fournir du 5-9 de disponibilité (99,999%). Et bien sûr, on ne parle même des magnifiques failles découvertes ces 10 dernières années dans les implémentations de SSL ou de la JVM, de la différence en termes de vitesse ou encore des pauvres développeurs bénévoles esclaves de Corée du Nord qui bossent gratuitement pour le despote communiste GNU/Linux/Java…

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