Grégory Coupet : « les statistiques en foot, c’est précieux »


La donnée envahit tous les domaines. Le football en fait partie. Les statistiques seront largement utilisées lors de la prochaine coupe du monde de football au Brésil. Grégory Coupet, ancien gardien de l’OL, sept fois champion de France, souligne l’importance de la donnée. 

Disposer de la bonne donnée au bon moment est important dans tous les domaines.  Le football n’échappe pas à la règle et vit désormais à l’ère des statistiques. C’est ce qu’ont confirmé Grégory Coupet, ancien gardien de but de l’Olympique Lyonnais (OL), 7 fois champion de France, désormais consultant sur RMC et Darren Tulette, animateur sur la chaine Being Sport. Ils s’exprimaient lors de l’événement Oracle du 19 mars organisé à Paris sur « les enjeux business de la donnée. »

Des informations personnalisées sur les joueurs 


« Avant, on avait des informations collectives sur la manière de jouer d’une équipe, aujourd’hui on a des informations personnalisées sur chaque joueur, on sait tout de lui, s’il est rapide, etc.» illustre Grégory Coupet.  La donnée a une importance capitale. « Quand tu sais quel est le geste préférentiel d’un joueur, tu agis en conséquence. Il faut être prévenu cela permet d’anticiper les choses  » poursuit l’ancien gardien de but. Savoir qu’un joueur tire 9 fois sur dix ses pénalty sur la gauche, cela aide à prendre une décision au moment de se lancer.

Et de citer une anecdote sur un match en 2006 entre L’OL et le Real de Madrid. « Quand nous sommes entrés sur le terrain, Gérard Houiller, l’entraîneur, nous a dit, en parlant de l’attaquant Ruud Van Nistelrooy, ne le prenez que quand il est dans la surface de réparation, il ne tire que depuis la surface de réparation. Cela m’est resté même si l’effet superstition joue aussi pour un sportif, et que je me suis dit que c’est avec moi qu’il ne va pas faire comme d’habitude. »

Un pénalty à la dernière minute 

A la dernière minute du match, un pénalty est sifflé contre Lyon. C’est Ruud Van Nistelrooy qui est désigné pour le tirer. Grégory Coupet s’est souvenu de ce qu’avait dit Gérard Houiller et a analysé la situation en conséquence : « Si Van Nistelrooy ne tire que dans la surface de réparation, c’est que ce n’est pas un tireur puissant. Nous sommes à la dernière minute du match, il ne va pas prendre de risque, et il va donc faire son geste préférentiel, un plat du pied pour assurer le coup. Le tout mis bout à bout, j’ai arrêté le tir. »   Lyon a fini le match à égalité avec le Real de Madrid, et est passé en huitième de finale du Championnat d’Europe.

Grégory Coupet poursuit : « Pour la coupe du monde, nous allons commenter des matchs de l’équipe de France, contre le Honduras, ou l’Equateur, des équipes peu connues. Les statistiques sont importantes afin de connaître le style de jeu des équipes, et les statistiques de chaque joueur, s’il joue plutôt en aérien, ou fait beaucoup de passes. » De plus, on est loin du tableau noir utilisé par l’entraîneur à ses débuts. « C’était rébarbatif, et peu motivant à suivre, désormais on a des animations, de la vidéo, cela a un impact nettement plus fort » se réjouit-il.

11 inconnus en face de vous

Les attaquants sont analysés, on sait s’ils sont droitiers, gauchers, tirent de loin, de quels côtés il tire leurs pénalty, dans l’axe ou piqué, « c’est beaucoup de données, mais c’est précieux » déclare-t-il. On est loin de l’époque décrite par Michel Hidalgo, ancien sélectionneur de l’équipe de France et que rapporte Darren Tulette. « Lorsqu’il était joueur dans les années 50, Michel Hidalgo dit que les matchs finissaient souvent à 4 buts partout, car son équipe avait 11 inconnus en face d’elle au début du match dans un stade inconnu, et le temps qu’elle comprenne comment les autres jouent, elle avait pris trois buts » indique l’animateur de Being Sport.

Mais attention, trop d’informations tue l’information. « Nous recevons un gros bloc d’informations, un cahier épais de statistiques lors des matchs. Il faut arriver à garder cela simple, sinon cela désintéresse les spectateurs. Il faut faire des choix, et savoir analyser les données, par exemple si un joueur a fait 59 passes dans un match, cela ne veut pas dire qu’il est performant, si ce sont des passes courtes vers son gardien » insiste Darren Tulette. « Il peut y avoir des dérives, et il ne faut pas se gargariser de statistiques, l’humain est là pour rétablir ce qui est important » conclut Grégory Coupet qui pour sa part se concentre plus sur l’état d’esprit, l’ambiance qui règne dans une équipe.

Photo, Grégory Coupet, consultant sur RMC et Darren Tulette, animateur sur la chaine Being Sport, le 19 mars. 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *