Emmanuel Macron critique l’accord européen sur la régulation de l’IA

Emmanuel Macron, Toulouse, France 2030, 11 décembre

Le Président de la République s’affiche en  désaccord avec la réglementation AI Act adoptée le 8 décembre dernier au niveau européen. Il s’inquiète du fait que cette régulation n’empêche l’innovation de sociétés européennes ou françaises.

Emmanuel Macron s’exprimait à Toulouse le 11 décembre, sur fond d’avion d’Airbus, afin de présenter le plan France 2030, qui traite notamment de l’Intelligence artificielle. L’intervention du Président de la République va dans le même sens que celle de Jean-Noël Barrot, son ministre délégué au numérique, qui déclarait pour sa part que le « diable se cache dans les détails » dès le 9 décembre et que les discussions allaient se poursuivre. A noter que le 11 décembre, un des messages clés du Président était l’accélération et la réduction des délais des procédures, en particulier face aux concurrents asiatiques et américains.

Le plan France 2030 concerne l’énergie, la santé, la décarbonation de l’industrie, etc.



L’Europe va beaucoup plus réguler que les autres

Pour le Président de la République, cette réglementation européenne du 8 décembre pèse trop lourd. Cette réglementation « fait qu’on est le premier endroit au monde où, sur les modèles dits ‘fondationnels’ d’IA, on va beaucoup plus réguler que les autres » déplore-t-il. « Je pense que ce n’est pas une bonne idée […], donc il faudra l’évaluer » demande-t-il.

« Les Britanniques n’auront pas cette régulation sur les modèles ‘fondationnels' »

S’il se félicite du haut niveau de qualité de l’IA en France, il s’inquiète. « Parce qu’aujourd’hui, la France est sans doute le premier pays en termes d’intelligence artificielle en Europe continentale. On est au coude à coude avec les Britanniques. Eux n’auront pas cette régulation sur les modèles ‘fondationnels’ mais surtout, on est tous très loin des Chinois et des Américains » décrit-il.

Emmanuel Macron estime que l’Europe va réguler des technologies qu’elle ne produira plus. « On peut décider de réguler beaucoup plus vite et beaucoup plus fort que nos grands compétiteurs, mais on régulera des choses qu’on ne produira plus ou qu’on n’inventera pas. Ce n’est jamais une bonne idée » accuse-t-il.  
Le Président demande à ce que la réglementation européenne soit réévaluée régulièrement afin de vérifier qu’elle ne freine pas l’innovation en France. « Moi, je demande à ce qu’on évalue de manière régulière cette réglementation. Et si on perd des leaders ou des pionniers à cause de ça, il faudra y revenir. C’est clair » demande-t-il.


Accélérer est le leitmotiv d’Emmanuel Macron lors de son intervention sur France 2030



Miser sur l’Open Source et un vrai Cloud européen

Dans cette démarche pour développer une IA européenne, Emmanuel Macron insiste pour que l’on mise sur l’Open Source, et que l’on dispose de ses propres Data Centers, de ses propres calculateurs et de ses propres processeurs, et que ceux-ci consomment moins d’énergie. « Si on perd la maîtrise de base, on est fichus » lance le Président.

« La maîtrise de base, c’est d’avoir des Data Centers chez nous, un vrai Cloud européen »

« Et donc la maîtrise de base, c’est d’avoir des Data Centers chez nous, un vrai Cloud européen et d’avoir des capacités à maîtriser les chaînes de valeur. Grâce au programme de recherche électronique et intelligence artificielle de France 2030, les équipes de recherche travaillent sur des concepts novateurs comme le calcul en mémoire et le calcul IA frugal en données » ajoute-t-il.

Il souhaite une feuille de route permettant de faire émerger des composants et des architectures systèmes pour le traitement massif de données par l’intelligence artificielle, avec l’objectif d’une consommation énergétique qui soit divisée par 100 ou 1 000 par rapport aux standards des processeurs et des cartes graphiques actuels. « Donc, au fond, on a deux leviers. On doit réussir à maîtriser les puces et les semi-conducteurs de l’IA beaucoup plus petites que ce qu’on a aujourd’hui » dit-il et « on a besoin de gagner la bataille de l’IA sobre et super sobre. C’est clé et c’est là où on peut être différentiant » conclut-il.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *