Après six mois de travaux et l’audition de 170 personnes, une commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur “les effets psychologiques de TikTok sur les mineurs” dresse un constat sévère dans un rapport publié le 4 septembre : TikTok expose les mineurs à des contenus dangereux, et la commission appelle à des restrictions fortes pour protéger les jeunes.
C’est ce que préconise le rapport Delaporte-Miller. TikTok, de par son algorithme très performant et son public très jeune, est au centre des débats. TikTok, propriété de la société chinoise ByteDance, revendique 27,8 millions d’utilisateurs en France.
Saisie de la procureure de la République
Le député PS Arthur Delaporte qui a présidé la commission d’enquête déclare avoir décidé de saisir la procureure de la République pour mise en danger des utilisateurs. Il a pris la parole sur la matinale de France Info, le 11 septembre. Au départ, le député souhaitait une commission sur tous les réseaux sociaux, parce que ce qu’on retrouve sur TikTok, on le retrouve partout ailleurs.
Mais, TikTok retient plus longtemps l’attention des jeunes. « L’algorithme de TikTok est sans doute le plus dangereux parce que c’est celui qui va enfermer le plus rapidement dans des contenus problématiques » déclare-t-il. Il souligne que TikTok est capable de voir ce qui intéresse les utilisateurs et si quelqu’un est triste, le réseau social propose des contenus de plus en plus tristes et donc on peut, très rapidement, arriver sur des contenus qui sont liés, par exemple, à la promotion du suicide.
Un constat alarmant
Au global, la commission parlementaire, présidée par Arthur Delaporte (député PS) avec Laure Miller (députée EPR Ensemble pour la République) en tant que rapporteure, met en lumière ce qu’elle considère comme une exposition dangereuse des enfants et adolescents à des contenus néfastes sur les suicides, l’automutilation, la désinformation médicale, les idéologies politiques radicalisées, les violences, le sexisme, des canons de beauté malsains et la pédocriminalité.

Selon la commission, TikTok favorise, par ses mécanismes de viralisation des contenus problématiques, la diffusion d’idéologies politiques négatives et contraires aux droits humains, le racisme, l’antisémitisme, la glorification du terrorisme, etc. Les deux députés ont partagé leurs conclusions le 11 septembre, lors d’une conférence de presse à l’Assemblée nationale. La commission insiste sur le rôle déterminant de l’algorithme de recommandation de TikTok qui selon elle favorise la viralité de contenus choquants, et un effet “défilement infini” (le « scroll » infini) qui capte l’attention, et une modération jugée insuffisante.
Des propositions fortes du rapport
Parmi les 43 recommandations, on retient le fait d’interdire l’accès aux réseaux sociaux, hors messageries, pour les mineurs de moins de 15 ans. Pour les 15-18 ans, il s’agit d’instaurer un couvre-feu numérique, par exemple l’interdiction d’accès entre 22 heures et 8 heures afin de limiter l’exposition aux écrans la nuit. Le rapport préconise l’interdiction des téléphones portables dans les lycées, la généralisation du dispositif “portable en pause” dans les écoles élémentaires et collèges ainsi que la décroissance du numérique au sein de l’Éducation nationale.
Les députés parlent de la création d’un « délit de négligence numérique » visant les parents en cas de manquements sérieux dans la protection des enfants vis-à-vis des usages numériques. Ils souhaitent renforcer la sensibilisation des familles et des jeunes, y compris dès le plus jeune âge dans les écoles, et intégrer la question des réseaux sociaux dans les carnets de santé.
Une présentation trompeuse selon TikTok
Suite à la publication du rapport, TikTok rejette la caractérisation faite par la commission, qu’il juge « trompeuse ». La plateforme affirme investir depuis longtemps dans la sécurité, le bien-être des adolescents et des familles, avec plus de 70 fonctionnalités dédiées à la modération et à la protection des mineurs.
TikTok insiste sur le fait qu’elle applique déjà des technologies d’intelligence artificielle pour détecter les contenus violant ses conditions d’usage, et qu’en France l’an dernier, 98 % des contenus signalés pour infraction aux politiques internes ont été identifiés et traités.
Un rapport en deux tomes
La commission d’enquête sur les effets psychologiques de TikTok sur les mineurs a été créée le 13 mars 2025. Elle a été présidée par Arthur Delaporte (SOC – Calvados) et dont la rapporteure est Laure Miller (EPR – Marne). Le rapport d’enquête et des auditions est publié en deux tomes, tome 1 et tome 2. Une consultation publique citoyenne a été menée du 23 avril au 31 mai 2025. Elle a recueilli 30 000 réponses, dont près de 19 000 provenant de lycéens.
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