Luxe : des dépenses technologiques significatives, selon l’étude de Bain et du Comité Colbert

La technologie est devenue critique à la transformation du luxe. La très grande majorité (85%) des directeurs généraux des maisons de luxe la considère comme importante pour l’exécution de leur stratégie. Ceci dit, ils ne sont que 8% à la juger indispensable.

Dans cette marche vers l’innovation tech, il faut améliorer la collaboration entre la DSI (Direction des systèmes d’information), les équipes métiers et la direction générale. C’est ce que montre la 4ème édition du rapport « Luxe et Technologie »  publié par Bain & Company et le Comité Colbert.

Optimiser chaque ressource engagée

Le secteur du luxe est à la peine. « Le contexte économique est tendu. Les maisons de luxe sont confrontées à l’impératif d’optimiser chaque ressource engagée » reconnaît Joëlle de Montgolfier, Directrice du pôle Etude et Recherche pour la Distribution, et le Luxe chez Bain & Company, co-auteur de l’étude. « Les maisons investissent aujourd’hui des montants conséquents dans la technologie » relève-t-elle.

La spécialiste considère qu’il faut calibrer les dépenses en technologie afin de mieux fonctionner au quotidien – ce qui représente 64% des budgets – tout en préparant les innovations. « L’objectif n’est pas simplement de réduire [les investissements en technologie] pour faire des économies ou de les augmenter pour se rapprocher d’un étalonnage sectoriel » prévient-elle. « Il faut les calibrer au plus juste selon les objectifs de chaque entreprise, pour soutenir au mieux l’activité quotidienne tout en finançant les innovations du futur. »

L’étude révèle que les maisons de luxe consacrent en moyenne 3,1% de leur chiffre d’affaires à la technologie. Selon les groupes cela peut varier de 1,9 % jusqu’à 5,5%. Cela représente des sommes considérables pour des acteurs qui réalisent des milliards d’euros de ventes. Cela peut représenter, pour certains acteurs, des montants excédant plusieurs centaines de millions d’euros. Ces pourcentages d’investissements sont similaires pour les petites et les grandes Maison du luxe. Certains groupes sont en tête, et entraînent le secteur en investissant dans l’innovation et la transformation. On peut citer LVMH ou Chanel.

Augmentation des budgets technologiques pour la majorité des maisons

De plus, la majorité (60%) des maisons prévoient une hausse significative de leurs budgets technologiques. Ces maisons et ces groupes de luxe prévoient en effet une augmentation d’au moins 5 % de leurs dépenses dans les 2 à 3 prochaines années, dont 28% anticipent même une majoration de plus de 10%. Parmi les principaux facteurs de cette accélération figurent les besoins d’investissement dans l’Intelligence artificielle, la cyber sécurité et la modernisation des systèmes.

Dans le même temps, il faudra une montée en compétences car 63% des maisons de luxe déclarent avoir partiellement les compétences technologiques nécessaires à la mise en œuvre de leur stratégie. Seulement un tiers (37%) des maisons affirment les avoir déjà largement. Aucune maison n’a mentionné manquer de compétence technologique. 

Trois leviers sont identifiés afin que ces dépenses informatiques aient un impact positif sur les maisons de luxe. Le rapport préconise de moderniser les infrastructures techniques, de rationaliser l’architecture technologique et cela passe par la suppression des redondances, et d’exploiter davantage les plateformes partagées pour créer des synergies.

Recruter certains experts afin de gagner en agilité

De plus, les maisons devraient internaliser certaines compétences pour accroître l’agilité de leur fonction technologique car 68 % des dépenses d’innovation reposent aujourd’hui sur des prestataires externes, ce qui est supérieur à d’autres secteurs.  Ces maisons devraient utiliser des outils innovants tels que des assistants de codage IA pour accroître la productivité de leurs ingénieurs. Enfin, il faut que la stratégie de la maison soit le guide des priorités et des investissements technologiques.

Le rapport préconise également de consolider la collaboration entre la direction générale de l’entreprise et sa direction technologique. « Aujourd’hui, les DSI occupent une place centrale dans la transformation des maisons de luxe. Ils ne se contentent plus d’exécuter » estime pour sa part Bénédicte Épinay, Déléguée générale du Comité Colbert. « Les présidents et les DSI doivent collaborer étroitement. Une sensibilisation croissante de l’ensemble des équipes aux enjeux et aux apports de la technologie est nécessaire. Renforcer l’attractivité du secteur auprès des profils technologiques est à ce prix » ajoute-t-elle.

A mesure que le secteur du luxe gagne en maturité dans la tech, le rapport conseille d’élever la fonction technologique à un rang stratégique et que les directeurs généraux s’impliquent dans la transformation technologique. Dans les entreprises où l’engagement du directeur général est moindre (encore 50% des cas), la majorité des directeurs des systèmes d’information souhaite une feuille de route précise. Pour favoriser une collaboration productive entre la technologie et les métiers, il faut former les cadres dirigeants aux enjeux de la technologie. Ce n’est le cas aujourd’hui que dans 52% des groupes et maisons.