L’alternative entre « payer ou accepter la publicité » de Meta attaquée en justice


L’association Noyb, bête noire de Meta et de la Commission Européenne, attaque Meta en justice pour sa nouvelle proposition « payer ou accepter » qui rend payant l’usage de Facebook ou d’Instagram si l’on ne veut plus être suivi pour de la publicité ciblée.

Noyb considère que cette proposition est non conforme au RGPD. La plainte a été déposée auprès de l’autorité autrichienne de protection des données. Selon Noyb, le consentement de l’utilisateur à être suivi pour de la publicité ne serait pas librement donné face au montant excessivement élevé du prix imposé par Meta pour échapper au ciblage publicitaire. Bref, on n’aurait pas d’autre choix que d’être d’accord pour être suivi publicitairement.



Abonnement payant pour ne pas être ciblé par la publicité

Depuis peu, Meta propose un abonnement payant afin de ne plus être ciblé par la publicité. Noyb considère que la démarche de Meta de faire payer l’utilisateur pour ne plus être ciblé par la publicité est en opposition du RGPD, car le RGPD exprime que le consentement au suivi publicitaire doit être « librement donné ». Noyb estime que Meta exerce une forme de chantage sur les utilisateurs et que Meta impose une « redevance de confidentialité ».

« Combien de personnes exerceraient leur droit de vote si elles devaient payer 250 € pour le faire ?« 

« Les droits fondamentaux sont généralement accessibles à tous. Combien de personnes exerceraient leur droit de vote si elles devaient payer 250 € pour le faire ? » s’énerve Max Schrems, le juriste qui a mis Meta en échec à plusieurs reprises devant les tribunaux. « Il fut un temps où les droits fondamentaux étaient réservés aux riches. Il semble que Meta veuille nous ramener plus de cent ans en arrière » accuse-t-il. De plus, Noyb suggère que l’autorité autrichienne impose une amende dissuasive à Meta, afin de s’assurer qu’aucune autre entreprise ne commence à copier cette approche.

Noyb calcule que Meta demande de payer 251,88 € par an pour conserver le droit fondamental à la protection de ses données sur Instagram et Facebook. Noyb retient que plus de 99 % des personnes décident de ne pas payer lorsqu’elles sont confrontées à des « frais de confidentialité ». L’association pense que si Meta réussit cette offre payante, ses concurrents vont lui emboîter le pas. « Sachant qu’en moyenne, 35 applications sont installées sur un téléphone, la protection de la vie privée pourrait bientôt coûter environ 8 815 € par an » annonce Noyb.

Un revenu actuel de 62 € par an par utilisateur

Noyb pointe que Meta indique que son revenu moyen par utilisateur en Europe entre le troisième trimestre 2022 et le troisième trimestre 2023 était de 16,79 $. Cela équivaut à un revenu annuel de seulement 62,88 € par utilisateur. « Cela rend les frais mensuels tout à fait disproportionnés » s’exclame Noyb.

« D ores et déjà, TikTok serait en train de tester un abonnement sans publicité en dehors des États-Unis« 

Noyb estime que toutes les recherches scientifiques suggèrent que les systèmes dits « Pay or Okay » sont l’antithèse du consentement libre et affectent fondamentalement le « libre arbitre » des utilisateurs. Noyb a peur que l’offre de Meta ne fasse tâche d’huile. « D ores et déjà, TikTok serait en train de tester un abonnement sans publicité en dehors des États-Unis. D’autres fournisseurs d’applications pourraient suivre dans un avenir proche, rendant la protection de la vie privée en ligne inabordable » s’inquiète l’association.

Noyb cite une étude Google qui montre qu’une personne a en moyenne 35 applications installées sur son smartphone. Si toutes ces applications suivaient l’exemple de Meta et appliquaient un tarif similaire, les utilisateurs devraient payer un « droit fondamental » de 8 815,80 € par an. Pour une famille de 4 personnes, le prix de la confidentialité des données s’élèverait à 35 263,20 € par an, soit plus que le revenu moyen d’un travailleur à temps plein dans l’Union européenne.

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