EDF annonce qu’il se dote d’un « Cloud de confiance » et sélectionne pour cela deux prestataires, Bleu et S3NS. Il s’agit de deux acteurs français de l’hébergement de données qui utilisent respectivement les technologies de Microsoft et celles de Google. Le choix d’EDF interroge sur le développement de services numériques souverains en France.
Un Cloud destiné à être de confiance
Ce nouveau Cloud dit de « confiance » est présenté comme un espace sécurisé et souverain de stockage de données. Ce nouveau Cloud vient compléter son Cloud privé qui héberge près de 80 % de ses données dans les Data centers du groupe.
Ce nouveau Cloud apportera à EDF de nouvelles capacités pour le stockage, le traitement et la valorisation de ses données. EDF doit répondre à un accroissement du volume de données notamment dans le cadre de la relance du nucléaire. Le Cloud doit accélérer la digitalisation de ses processus et contribuer à la performance industrielle et opérationnelle d’EDF.
Une qualification SecNumCloud en cours
EDF considère que les deux solutions sont des « Cloud de confiance » car elles sont en cours de qualification SecNumCloud 3.2. EDF estime que cette qualification garantit que les données sont hébergées sur le territoire européen, administrées par des entités de droit européen, et échappent à toute législation extra-européenne. EDF pense ainsi que ses données stratégiques restent intégralement protégées.
En fonction du niveau de sensibilité, EDF hébergera ses données au travers de solutions de Cloud public, de Cloud de confiance ou dans ses propres data centers. « Nous sommes heureux d’être un des premiers grands clients des solutions de Bleu et S3NS » déclare Véronique Lacour, Directeur exécutif du Groupe EDF en charge de la transformation et de l’efficacité opérationnelle. « Ils font référence en matière de sécurité et de souveraineté numériques. Grâce au Cloud de confiance, nous construisons une filière nucléaire plus agile, plus sûre et plus souveraine » annonce-t-elle.
Une démarche inaboutie selon certains
Face à ce choix d’EDF, certains y voient la décision de l’état et une démarche inaboutie. C’est le cas d’Alain Garnier, CEO et cofondateur de Jamespot, une plateforme collaborative française, qui se positionne comme un acteur de la souveraineté numérique française, indépendant des grands acteurs américains du Cloud. Pour ce dirigeant, le choix d’EDF relève moins d’une autonomie pleine que d’un alignement stratégique imposé.
Ce choix s’inscrit dans la volonté de l’État de structurer le marché national mais même avec un label comme SecNumCloud, la dépendance technologique aux grands acteurs mondiaux demeure. En effet, Bleu utilise les technologies de Microsoft et S3NS emploient Google. Selon Alain Garnier, même si la donnée peut être hébergée localement en France ou en Europe, la souveraineté technologique demeure fragilisée, qu’il s’agisse des mises à jour, de la réversibilité et de l’accès aux infrastructures. L’enjeu va au-delà du seul hébergement. EDF apparaît dépendant des chaînes technologiques mondiales.
L’avenir du Cloud souverain dépend non seulement du « qui » héberge, mais du « comment » et du « avec qui ». Selon le dirigeant, on a déplacé une dépendance à Microsoft vers une dépendance à Microsoft opérée par un tiers. Cela augmente encore la dépendance et les couches intermédiaires. « Pas sûr que l’industriel [EDF] soit gagnant » termine Alain Garnier. De fait, on peut regretter qu’EDF n’ait pas mis dans la boucle des prestataires tels que Scaleway, OVHCloud ou Numspot qui sont des acteurs orientés franco-français. Il y a peu de temps, Henri d’Agrain, secrétaire général du Cigref, pointait l’inexorable dépendance des entreprises françaises aux cadres réglementaires américains.
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