C’est une photo qui sème le trouble au-delà de ce qu’elle est censée représenter. Elle montre un manifestant qui brandit ce qui semble être une grande photo d’un bébé hagard qui émerge de décombres. La photo du manifestant a été publiée à la une de Libération le jeudi 19 octobre. Le journal indique qu’elle a été prise par un photographe de l’Associated Press lors d’une manifestation dans les rues du Caire en réaction à l’explosion et aux morts de l’hôpital Al-Ahli Arabi dans la bande de Gaza.
Libération accusé de “Fake news”
Or la photo du bébé brandie par le manifestant a été créée par une intelligence artificielle. Libération se trouve alors accusé par certains de « Fake news ». La rubrique Checknews du journal passe cette une au crible. On apprend que la photo du bébé créée par IA a déjà été utilisée le 7 février lors de tremblements de terre à la frontière entre la Turquie et la Syrie. Des défauts dans l’apparence du bébé tels que des marques sur le visage ou le dessin de la main montrent en effet un manque de réalisme, une fois que l’on a agrandit la photo.
Pour résumer, Libération a publié une vraie photo d’un homme brandissant une fausse photo qui est toutefois très émouvante. « Beaucoup des pancartes brandies dans les manifestations du 17 octobre étaient en effet générées par IA » réagit Dov Alfon, directeur de la publication de Libération auprès de Checknews. Il reconnaît que la photo du bébé a été créée par une intelligence artificielle. Pour lui, cela « devient ces derniers mois le socle artistique de protestations, comme auparavant l’étaient des pantins, poupées ou squelettes ». Il estime que « le centre de la photo est le manifestant en colère, pour qui la vérité importe peu ».
Le fait que la photo soit créée par une IA n’est pas évident
Mais Libération accorde que pour le lecteur, l’image n’est pas compréhensible puisque le fait que la photo brandie soit générée par IA n’est pas évident. Dov Alfon admet qu’il aurait probablement fallu mentionner en légende que l’homme sur la photo brandit ce qui est en fait une fausse image de bébé. « Mais la légende de l’agence AP ne l’a pas mentionné, soit par omission soit par manque de temps, et nous de même. C’est évidemment regrettable» conclut-il.
La une de Libération était titrée « Proche Orient, le spectre de l’embrasement ». Avec le sous-titre « Après une explosion meurtrière dans un hôpital de Gaza, des manifestations se sont multipliées dans plusieurs pays de la région. Une nouvelle étape dans l’escalade du conflit, même si rien ne semble indiquer qu’Israël soit responsable de la frappe. »
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