Tiktok veut rassurer l’Europe en hébergeant localement ses données

Les données de 150 millions d'Européens sont concernées

Le réseau social chinois Tiktok monte au créneau afin de rassurer l’Europe sur ses pratiques en matière de données. Cela passe par le projet Clover. C’est ce qu’annonce Theo Bertram, Vice Président, en charge des relations gouvernementales et des politiques publiques en Europe.

Stockage des données de 150 millions d’Européens dans trois Data Centers

Le projet Clover a pour objectif de créer une enclave autonome et sécurisée pour les données des 150 millions d’utilisateurs européens de TikTok. Le réseau social s’engage à stocker localement les données des utilisateurs européens. »Nous commencerons à stocker localement les données des utilisateurs européens de TikTok cette année, et la migration se poursuivra jusqu’en 2024. Une fois opérationnels, nos trois centres de données représenteront un investissement annuel total de 1,2 milliard d’euros » précise Theo Bertram.

Les trois centres de données sont des colocations exploitées par des fournisseurs de services tiers

En 2022, le réseau social avait annoncé l’ouverture d’un Data Center européen à Dublin en Irlande. Aujourd’hui, Tiktok annonce qu’il mettre en place un deuxième Data Center à Dublin et un troisième dans la région de Hamar, en Norvège. Ces trois centres de données sont des colocations exploitées par des fournisseurs de services tiers de confiance. 

Le projet Clover vise à aligner davantage la gouvernance des données sur le principe de la souveraineté européenne en matière de données. Tiktok annonce des passerelles de sécurité supplémentaires qui détermineront l’accès de ses employés aux données des utilisateurs européens de TikTok et leurs transferts en dehors de l’Europe.

Des processus vérifiés par un prestataire tiers de confiance

Le réseau social promet que tout accès aux données sera conforme aux lois sur la protection des données en vigueur et devra également passer par ces passerelles de sécurité et des contrôles supplémentaires. Ce processus sera vérifié par un partenaire européen tiers spécialisé dans la sécurité des données.

Un partenaire vérifiera les contrôles et la protection des données de Tiktok et surveillera les flux des données

Ce partenaire vérifiera les contrôles et la protection des données de Tiktok, surveillera les flux des données, fournira une vérification indépendante et signalera tout incident, promet Tiktok. « Nous sommes à un stade avancé de discussion avec un partenaire tiers et nous serons en mesure d’annoncer plus de détails dès que possible » déclare Theo Bertram.

Tiktok indique qu’il travaillera en outre avec d’autres partenaires tiers pour intégrer notamment de la pseudonymisation des données personnelles de sorte qu’une personne ne puisse être identifiée sans informations supplémentaires. Tiktok annonce aussi de l’agrégation de points de données individuels en grands ensembles de données afin de protéger la vie privée des personnes. Une équipe interne est dédiée au projet Clover depuis 2022. Les mesures seront mises en œuvre tout au long de cette année et en 2024.

Ouverture des travaux d’une commission d’enquête au Sénat

Alors que Tiktok annonces ces mesures, le Sénat français lance les travaux de la commission d’enquête sur Tiktok. La commission enquête sur l’exploitation des données par Tiktok, sa stratégie d’influence. Le président est Mickaël Vallet (Socialiste, Écologiste et Républicain ‑ Charente-Maritime) et le rapporteur est Claude Malhuret, (Les Indépendants-République et Territoires – Allier).

« Nous ne sommes pas en mesure d’affirmer que TikTok n’est pas un instrument potentiel de désinformation« 

« L’actualité aux États-Unis, au Canada, et en Europe, conforte notre initiative au Sénat » se félicite Claude Malhuret. «  Nous ne sommes pas en mesure d’affirmer que TikTok n’est pas un instrument potentiel de désinformation ou de manipulation au profit de régimes non démocratiques, ni que son utilisation est sûre au regard de la nécessaire protection des données » poursuit-il. La commission d’enquête doit permettre de faire la lumière sur ces questions.

Quant à Mickael Vallet, il s’inquiète des zones d’ombre de l’algorithme de TikTok. « Comment fonctionne son algorithme, pourquoi est-il plus addictif que d’autres réseaux, a-t-il des effets néfastes sur le développement du cerveau des adolescents et des enfants ?» demande-t-il. La mission d’information débutera ses travaux le lundi 13 mars, avec l’audition de Marc Faddoul, chercheur en intelligence artificielle, spécialiste des algorithmes.

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