La ville de Birmingham en faillite tandis que son projet Oracle explose les coûts

La ville de Birmingham peine à mettre en place Oracle

La ville de Birmingham, deuxième ville de Grande Bretagne a annoncé le 5 septembre qu’elle est en faillite et qu’elle ne peut plus faire face à ses paiements. En particulier, la ville ne peut pas procéder au paiement de 650 à 760 millions de livres (757 à 886 millions d’euros) à ses employés afin de rétablir l’égalité salariale dans ses équipes. La municipalité affiche dans le même temps un déficit de 87 millions de livres (101 millions d’euros).

Un projet ERP et RH avec Oracle en pleine dérive

Cette faillite intervient alors que dans le même temps, la ville peine à mettre en place une solution Oracle de gestion des RH et des finances. En mai 2023, le conseil municipal de Birmingham a même annoncé qu’il s’apprêtait à payer jusqu’à 100 millions de livres sterling (117 millions d’euros) pour son système ERP d’origine Oracle – soit potentiellement cinq fois plus que les dépenses initiales estimées. Le projet souffre de retards, de dépassements de coûts et d’un manque de contrôle.

Le projet Oracle ERP et HCM est une migration depuis SAP

Le projet Oracle, lancé en 2018 et baptisé « Financial and People », était crucial pour une organisation de la taille de Birmingham. Il s’agit d’une migration de SAP vers Oracle. Le projet a même été cité par Oracle en mars 2021 comme étant un succès de migration depuis SAP, l’ennemi historique d’Oracle, vers Oracle ERP et Oracle HCM.

Oracle était censé rationaliser les systèmes de paiement et de ressources humaines du conseil et devait coûter 19 millions de livres sterling, mais il est déjà en retard de trois ans. Le nouveau leader du conseil de Birmingham, John Cotton, a déclaré à BBC News en mai 2023 que les agents du conseil doivent être tenus responsables des coûts.

Un rapport fin juin 2023 établi avec PwC

En mars 2023, le Conseil a engagé des experts du cabinet de conseil PwC pour travailler aux côtés de ses équipes internes, afin de l’aider à identifier la nature exacte des problèmes et ce qui était nécessaire pour les résoudre. Un rapport daté du 27 juin 2023 dresse l’état des lieux inspiré par l’intervention de PwC.

« Certains éléments critiques d’Oracle ne fonctionnent pas de manière adéquate »

Le nouveau système Oracle a permis d’effectuer des paiements pour une valeur de 2,5 milliards de livres pour un demi million de fournisseurs depuis avril 2022, date à laquelle la solution Oracle a été activée. Mais « certains éléments critiques d’Oracle ne fonctionnent pas de manière adéquate et cet échec a eu un impact principalement sur les opérations quotidiennes des finances et des ressources humaines » indique le rapport du 27 juin 2023.

Le projet Oracle a évolué au fil du temps car il était prévu au départ (en 2019) d’adopter le logiciel tel quel puis il a été personnalisé afin de reprendre ce qui avait été fait sur SAP. « Cela a accru la complexité de la solution. Des opportunités de revoir et d’améliorer les processus métiers associés ont été manquées » relève le rapport.

Entre adaptation et adoption tel quel, il faut choisir

Ce changement d’orientation – depuis la décision d’adopter tel quel Oracle à la décision d’adapter la solution Oracle – a eu de graves répercussions sur la capacité du Conseil à mettre en œuvre correctement le système Oracle, pointe le rapport. Désormais ce même rapport préconise de revenir à une situation où le Conseil adopte Oracle plutôt que de l’adapter.

Il faut que le rôle que joue la solution Oracle soit partagé par tous du côté de la ville de Birmingham

Cela impliquera des modifications du système Oracle, par exemple la désactivation de nombreuses personnalisations et extensions existantes. Et il y aura un investissement important dans la gestion du changement côté métier, notamment en fournissant un support et une formation au personnel. Le rapport insiste sur la gestion du changement et la nécessité que le rôle que doit jouer la solution Oracle soit bien partagé par tous du côté de la ville de Birmingham.

On peut noter qu’un témoignage interne à la ville cité par The Register indique que le fonctionnement d’Oracle ne correspond pas à des autorités locales mais plutôt à l’industrie manufacturière ou à une organisation commerciale. Cette source a déclaré à The Register que le système SAP précédent avait été fortement personnalisé pour répondre aux besoins du conseil et que la ville avait du mal à recréer ces fonctions dans Oracle.

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