Les hommes n’ont pas conscience du sexisme ambiant dans le numérique

Paola Paci chargée de communication de Social Builder, 19 décembre

Pour les femmes, l’environnement du numérique n’est pas attirant et les fait même fuir. Elles le  voient comme un monde d’hommes où elles ne se sentent pas attendues ni légitimes. C’est ce que montre l’étude « Sexisme dans les formations Tech ? ».

Le numérique est-il sexiste ?


L’étude a été analysée par Paola Paci chargée de Communication de Social Builder, une start-up sociale qui propose du conseil et de la formation aux femmes du numérique, notamment via un système de mentorat. Paola Paci a pris la parole le 19 décembre, à l’occasion d’une table ronde sur « le numérique est-il sexiste ? » organisée à Paris par l’association Animafac.

Les femmes occupent au mieux 14% des postes techniques

Si on compte 30% de femmes dans le numérique, c’est parce que la règle de calcul inclut les chargées d’administration ou les dirigeantes. « Elles n’occupent que 12 à 14% des postes techniques », précise Paola Paci. En 2017, à peine 5% des développeurs sont des femmes, de quoi s’interroger sur un secteur où la pénurie de codeurs de talent nuit au développement des entreprises.

L’étude s’appuie sur les réponses de 1000 étudiants et étudiantes interrogés au sein de 18 écoles partenaires dont l’Ecole 42. On constate que plus de 7 femmes sur 10 déclarent avoir été l’objet d’agissements sexistes dans leur vie professionnelle.

Les hommes inconscients

Les hommes n’ont pas toujours conscience de ce sexisme ambiant. Ils sont 43% à dire ne pas avoir été témoins d’un agissement sexiste alors que seulement 14% de femmes pensent comme eux. En tout, 73 % des étudiantes en formation aux métiers du numérique disent avoir été témoins de blagues en rapport avec leur sexe.

Il y a une vraie volonté de se saisir du sujet dans les écoles

Les mentalités ont cependant récemment évolué estime Paola Paci, car il y a encore 18 mois, l’école 42 n’aurait pas si facilement fait circuler ce genre de questionnaires. Il y a une vraie volonté de se saisir du sujet.

A noter que la promesse de l’école 42 « born to code » s’avère toutefois plus facilement correspondre à son destin pour un homme. Il est plus rare pour une femme de se sentir une destinée de codeuse.

Il reste donc des freins à lever, par exemple en changeant certaines appellations de formations ou certains modes de recrutement. L’écosystème du numérique est pensé beaucoup autour de pratiques venant de la culture geek ou du hacking qui peuvent exclure les femmes, ou du moins provoquer chez elles le sentiment de ne pas être à leur place.

Le système de sélection n’est souvent pas attirant pour une jeune femme avec le système de la piscine à l’entrée de l’école 42, et de nombreuses écoles pratiquent de même, ainsi qu’avec les Hackathons, qui imposent une présence 24/24H 7/7j.  Sans compter que les équipements, qu’il s’agisse des toilettes ou des salles de repos, sont mixtes la plupart du temps.

Sandrine Baslé

Sandrine Baslé est spécialiste de la relation client, du marketing et de la vente de services. Ancienne d’Ipsos et de l’Institut CSA, elle a conduit de nombreuses missions de conseil dans le cadre de changement de culture d’entreprises. Elle a été avocate puis correspondante à Londres du journal Service News. Elle est également enseignante en marketing, études de marché et communication à l’IIM (Institut d’Internet et du Multimedia) et à TBS (Toulouse Business School) et directrice associée de Qualiview conseil.

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