« Une femme est plus facilement critiquée qu’un homme »

Marie-Amélie Frere, membre de l'assocation Girlz In Web, 19 décembre

Il est important que les femmes prennent conscience de l’étendue de leurs compétences et réinvestissent l’espace numérique. C’est ce que souhaite Marie-Amélie Frere, membre de l’assocation Girlz In Web, créée en 2009. Elle a pris la parole le 19 décembre, à l’occasion d’une table ronde sur « le numérique est-il sexiste ? » organisée à Paris par l’association Animafac.

Elle s’est fixée comme règle de favoriser le partage des contenus publiés par des femmes et de ne jamais dire de mal d’une femme sur le net. « Elles sont déjà trop souvent la cible de critiques gratuites, » déclare-t-elle. Elle ajoute : « le problème est qu’on ne voit pas assez de femmes dans la sphère du numérique et, si on ne voit pas les femmes, on n’a pas le réflexe de travailler avec elles ».


Dans cette nécessaire prise de confiance des femmes, Marie-Amélie Frere souligne l’importance des rôles modèles. « Il est plus facile de dépasser ses propres peurs une fois qu’on s’identifie à quelqu’un, » pense-t-elle. De plus, les associations sont décisives. On dénombre environ 400 associations féminines en France. « Grâce aux initiatives d’associations comme Paris Pionnière, on compte aujourd’hui 22% de femmes chefs d’entreprises en France, » se félicite Marie-Amélie Frere face au nombre croissant d’entrepreneuses.

C’est que la route est rude pour les femmes. Le premier problème est l’autocensure. « Une femme va éviter d’aller là où elle risque de se faire taper dessus, » débute Marie-Amélie Frere. Une attitude qui s’avère logique face à une situation de critique excessive. « Elle n’a pas tort de s’auto-censurer car elle va effectivement être plus facilement critiquée qu’un homme. On ne peut pas les blâmer car le risque à prendre est élevé, surtout pour une jeune femme, en début de carrière, » ajoute-t-elle.  

Second problème, le syndrome de l’imposteur. La femme va se dire « tout le monde sait que je suis nulle, ça va se savoir. Je ne vais jamais y arriver, » précise Marie-Amélie Frere. Et il suffit de deux ou trois petites remarques pour que le syndrome se renforce.

Girlz In Web est une association créée en 2009. Elle a créé un annuaire d’expertes du numérique. « Nous le voulons très rigoureux car la légitimité des profils doit être irréprochable » explique Marie-Amélie Frere. C’est un moyen de contrer l’argument selon lequel il n’y aurait pas de femmes dans le numérique.

« Ne dites plus jamais que vous ne savez pas trouver les femmes, elles sont toutes là », conclut Marie-Amélie Frere. Sachant que malgré cette expertise, les data scientists hommes sont quand même payés 20% de plus que les femmes en moyenne.

Sandrine Baslé

Sandrine Baslé est spécialiste de la relation client, du marketing et de la vente de services. Ancienne d’Ipsos et de l’Institut CSA, elle a conduit de nombreuses missions de conseil dans le cadre de changement de culture d’entreprises. Elle a été avocate puis correspondante à Londres du journal Service News. Elle est également enseignante en marketing, études de marché et communication à l’IIM (Institut d’Internet et du Multimedia) et à TBS (Toulouse Business School) et directrice associée de Qualiview conseil.

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