Les 6 règles clés pour réussir un projet numérique, le rappel de la Cour des Comptes

Le flou sur les responsabilités de chacun cause l'échec des projets numériques

Réussir un projet numérique est toujours un challenge. Des règles clés doivent être suivies. La Cour des Comptes livre son recueil de bonnes recettes – en 200 pages – afin que l’Etat cesse enfin d’aller dans le mur dans ce domaine dans un rapport publié en octobre dernier. Pour réussir des projets numériques, on retient 6 règles clés. On peut en tirer des réflexes à appliquer à tout projet digital en entreprise.

Un chef unique et identifié pour chaque projet

Premier point, il faut un chef unique par projet. La Cour demande qu’un responsable unique soit désigné pour chacun des grands projets. « La nécessité de réunir les responsabilités de direction de projet sous une responsabilité unique ne semble pas comprise » s’étonne la Cour. Ce chef aura autorité pour prendre les décisions et les faire appliquer par l’ensemble des équipes engagées dans le projet. Cela comprend la conception, la réalisation, les tests de recettes, l’intégration, la reprise des données, la mise en production et le déploiement des applications.

Il faut multiplier les investissements numériques de taille plus modeste dans une logique d’apport de services rapide

Deuxième point, il ne faut aucun grand projet numérique dont la réalisation dépasserait 5 ans. La Cour demande de sélectionner, dans un horizon de 5 à 10 ans, un nombre réduit de projets moyens. Ces projets doivent être réalisables sur des échéances courtes, c’est-à-dire de 1 an et demie à 3 ans maximum. Un projet moyen aura un budget entre 5 et 20 millions d’euros de coût complet. « Pensons grand, avançons petit » proclame la Cour. « Les administrations doivent multiplier les investissements numériques de taille plus modeste dans une logique d’apport de services rapide aux usagers ou à leurs agents » ajoute-t-elle. 

Troisième point, il faut un pilotage par les délais. Il s’agit de structurer les projets autour de jalons courts, correspondant à un apport de valeur et de fonctionnalités aux utilisateurs du service numérique. « Les règles de l’art prônent de limiter la taille des projets numériques. Et il faut les allotir pour procéder à des mises en service successives selon des jalons courts, apportant de la valeur de façon continue » rappelle la Cour. Quatrième point, il faut maîtriser les méthodes agiles lors d’un usage à grande échelle. « Si les méthodes agiles semblent s’être diffusées au sein des administrations, il n’est pas certain que les conditions de leur application, notamment dans le cadre de grands projets, garantissent tous les bénéfices escomptés » alerte la Cour.

A la course aux bonnes compétences digitales

Cinquième point, il faut disposer des bonnes compétences. La direction générale de l’administration et de la fonction publique (DGAFP) et la direction interministérielle du numérique (Dinum) ont identifié 15 métiers en tension dont 6 ont trait à la conduite des grands projets numériques. Il s’agit de Chef de projet MOA/MOE, directeur de projet, « Scrum master », concepteur-développeur et intégrateur d’application. La Cour n’hésite pas en outre à pointer le manque d’expérience des cadres dirigeants des administrations de l’État placé à la tête des projets numériques. « Ils doivent eux-mêmes gagner en expérience et en compétence pour mieux mesurer les enjeux concrets du numérique et piloter leurs équipes numériques de manière plus adéquate » statue le rapport.

Il faut intégrer les besoins des utilisateurs dès la conception des projets numériques

Sixième et dernier point, il faut intégrer les besoins des utilisateurs, qu’il s’agisse des usagers ou des agents, dès la conception des projets numériques, et tout au long de leur développement, et évaluer systématiquement leur satisfaction. Enfin, pour mémoire, la Cour des Comptes constate que l’écart entre le coût et le délai de réalisation réels des projets et les prévisions faites à leur début s’est fortement dégradé depuis 2015.

Les dérives ont plus que doublé. Elles dépassent sensiblement le seuil de 30%. En 2019, le plan d’action gouvernemental pour le numérique TECH.GOUV  a annoncé que ces dérives devaient être ramenées à moins de 20% d’ici 2022. « Cela apparaît difficilement atteignable sans de strictes mesures de redressement sur l’ensemble du portefeuille des projets de l’État » conclut la Cour des Comptes.

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