Le ministre de la santé n’est pas convaincu par géo-localiser les malades du Covid-19

Olivier Véran, ministre de la santé

Dans la lutte contre le Covid-19, le gouvernement prend ses décisions lentement. Pour preuve encore, la réponse qu’il doit donner à l’usage ou pas de la géo-localisation des smartphones des personnes atteintes par le virus.

Identifier les autres personnes qui ont pu être contaminées

Cette localisation est évoquée pour remonter jusqu’aux autres personnes qui ont pu être contaminées. Elle pourrait aussi permettre de vérifier que la personne respecte bien les consignes de confinement et ne sort pas de son lieu de résidence. Elle est ainsi utilisée en Pologne depuis le 19 mars. Cela peut également aider à informer le public et les autorités que le virus est actif dans un endroit particulier comme c’est le cas en Corée du Sud ou à Singapour.

L’usage des données des mobiles et des personnes tel qu’en Corée du Sud est écarté par Olivier Véran

Cet usage des données des mobiles et des personnes est écarté par Olivier Véran, le ministre de la santé. C’est le sens de son intervention à l’assemblée nationale, le 24 mars, en réponse à la députée de la France Insoumise, Danielle Obono qui l’interrogeait sur l’exemple de la Corée du Sud qui a mis en place une stratégie massive de tests des personnes afin de vérifier si elles sont infectées par le Covid-19. Olivier Véran en profite pour refuser de suivre l’exemple de la Corée en matière de traçabilité des patients atteints par le virus.

« La Corée ne se contente pas de faire des tests. La Corée fait ce que l’on appelle du tracking. La Corée a équipé tous les téléphones et les données personnelles de ce qui était nécessaire pour prévenir tout l’entourage lorsqu’une personne était malade » décrit-il.

Le ministre de la santé n’est pas convaincu par le tracking des mobiles

«  Est-ce que vous êtes prête à avoir ce débat dans le cadre de l’assemblée nationale ? A suivre la Corée jusqu’au bout de sa démarche ? Moi je n’en suis pas convaincu et à titre personnel, je vous le dis : non plus » affirme-t-il.

Le nouveau comité scientifique créé par Emmanuel Macron s’intéresse à l’usage des données des téléphones mobiles

Reste que dans la soirée du même jour, les premières discussions du nouveau comité scientifique Care – « analyse recherche et expertise » – créé par le chef de l’état ont abordé ces questions et envisagent la possibilité de recourir à l’usage des données des téléphones mobiles.

Le comité Care s’est réuni sous la présidence d’Emmanuel Macron, en présence du Premier ministre, du ministre de la Santé et de la ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation. Le comité doit renseigner les autorités sur l’opportunité de mettre en place une stratégie numérique d’identification des personnes ayant été au contact de personnes infectées. Le comité réunit 12 chercheurs et médecins.

Le tracking est évalué pour connaître la façon dont le virus se diffuse

A l’issue de cette réunion, Frédérique Vidal, Ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, prenant la parole aux côtés d’Olivier Véran, s’est montrée moins radicale que le ministre de la santé en reconnaissant que le gouvernement évaluait la possibilité d’utiliser la localisation des smartphones afin de remonter au patient zéro dans les cas de contamination. Elle a en revanche écarté tout usage pour l’instant de l’usage de la géo-localisation afin de vérifier qu’une personne infectée par le virus respecte bien sa quarantaine.


« Nous sommes en train de travailler à cette possibilité d’avoir une idée de la façon dont le virus se diffuse »

La France travaille-t-elle à la traçabilité des malades ? « Le rôle du comité Care est vraiment de regarder ce qui est possible, ce qui est possible techniquement, ce qui est prêt dans les laboratoires. Effectivement, nous sommes en train de travailler à cette possibilité d’avoir une idée de la façon dont le virus se diffuse, y compris en prenant la stratégie qui était la stratégie initiale à partir du patient zéro et l’ensemble des contacts, etc. » reconnaît-elle.

La ministre évoque très vite d’autres pistes de travail. « Nous avons aussi beaucoup d’autres choses qui sont en cours de développement comme le fait d’avoir une reconnaissance vocale de quelqu’un qui est essoufflé au moment où il téléphone, de manière à ce qu’il puisse y avoir une prise en charge qui soit liée à la façon dont cette personne parle au téléphone qui peut signaler la gravité de son atteinte pulmonaire. Donc vous voyez ce sont des choses extrêmement pratiques dont nous avons parlé. La possibilité d’aider aussi en termes de logistique, d’être capables de prévoir comment des patients guéris vont quitter l’hôpital, comment des lits en réanimation vont être libérés. Ce sont des questions très concrètes et très précises qui ont été proposées par les chercheurs et qui sont en cours de discussion » liste-t-elle.

Le tracking écarté pour suivre le respect de la mise en quarantaine

Un tracking pourrait-il être employé pour tracer les personnes en quarantaine qui sortent de leur domicile, et vérifier qu’elles respectent le confinement ? « On n’en est pas à ce stade là » répond Frédérique Vidal. Et de conclure, « je vous rappelle que l’objectif reste que l’on ne sature pas nos hôpitaux. Plus on respectera le confinement, plus on observera la progression de l’épidémie ralentir et plus on sera en capacité à lever ce confinement. »

Une réaction sur “Le ministre de la santé n’est pas convaincu par géo-localiser les malades du Covid-19” :

  1. Laure Courboin

    La géolocalisation des téléphone portables porte en elle la même faiblesse que le déclaratif : elle n’est pas exhaustive. Non, les téléphones portables ne font pas partie intégrante de la personne. Merci de ne pas soutenir un tracking inefficace et attentatoire aux libertés.

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