Intermarché imagine des caméras de réachat dans la cuisine du consommateur… dans 10 ans


L’usage de la vision par ordinateur et de la reconnaissance d’image ouvre des perspectives dans la grande distribution. Cela concerne aussi bien le parcours en point de vente, que le e-commerce qu’à une plus longue échéance les dispositifs au domicile des consommateurs, dans leur cuisine, on parle alors de réalisations à 10 ans.

La direction de l’innovation voit loin

Ces scénarii sont évoqués par Vincent Petillo, directeur de l’accélérateur des partenariats, au sein de la direction de l’innovation du groupement des Mousquetaires. Il a pris la parole à l’occasion d’une conférence organisée par l’Acsel (l’Association de l’économie numérique) le 29 septembre. Le responsable pense d’abord à l’usage de la reconnaissance d’image dans le cadre des parcours digitaux pour les enseignes d’équipements de la maison du groupement des Mousquetaires, c’est-à-dire Bricomarché, BricoCash, Bricomania, et Bricoprivé.

« On prend le produit en photo, il est reconnu et on arrive directement sur la fiche produit sur le site e-commerce »

« Pour un rachat de produit technique, dont on sait qu’il est au catalogue de l’enseigne mais dont on ne connaît pas le nom, on le prend en photo, il est reconnu et on arrive directement sur la fiche produit sur le site e-commerce. Il n’y a plus qu’à payer » présente-t-il. Un autre usage est l’inspirationnel. « On voit quelque chose que l’on aime, un vêtement, de la décoration, de l’ameublement, sur une personne, dans un bureau, dans un magazine, sur les réseaux sociaux, on va pouvoir passer en revue le catalogue de l’enseigne sur tous les produits similaires ou en tout cas approchant par rapport ce qui vous plaît » décrit-il.

Un cas plus prospectif existe. « J’y travaille avec la startup Belive.ai dans notre showroom. Une fois que tous les usages de la vision par ordinateur et ces technologies seront démocratisés dans le magasin, ce qui est sûr c’est qu’ils vont basculer dans l’habitat du consommateur » pense-t-il. L’idée est de voir arriver des meubles ou des équipements de la maison munis de manière banalisée de caméras.

Greffer des caméras aux réfrigérateurs et aux étagères

« Si demain, dans l’habitat on est capable d’avoir le même niveau d’information que nous avons aujourd’hui dans les magasins, et que l’on peut savoir ce qu’il y a sur les étagères, identifier les ruptures ou les risques de rupture, si on greffe ces caméras à nos réfrigérateurs, à nos étagères, à nos poubelles, on travaille un nouveau parcours qui pourrait arriver, en tout cas des parcours de ré-achat en e-commerce, il y a de belles promesses pour le consommateur, pour fluidifier ses expériences e-commerce » annonce-t-il.

A ce jour, Intermarché focalise plutôt sur la performance en magasin apportée par la vision par ordinateur

A ce jour, il focalise plutôt sur la performance magasin apportée par la vision par ordinateur, et à fluidifier la recherche de produits dans les catalogues produits. Quant au parcours e-commerce commençant directement chez le consommateur, on se trouve sur un horizon à 10 ans. Des innovations qu’Amazon risque d’être le premier à concrétiser.

La direction de l’innovation du groupement des Mousquetaires est l’équipe qui opère l’innovation de façon transverse pour tout le groupement. « Nous intervenons donc sur l’alimentaire avec Intermarché et Netto, sur l’équipement de la maison avec Bricomarché, BricoCash, Bricomania, et Bricoprivé, et pour la mobilité pour l’équipement de la voiture et du 2 roues, avec Roady, american Carwash, Rapid Parebrise et Izyscoot » précise le responsable.

Ecouter en permanence ce que souhaitent les consommateurs

Cette équipe doit être en veille permanente sur le marché, de tout ce qui se passe sur l’écosystème, du groupement au niveau de ses concurrents, de ses consommateurs, de leurs attentes, leurs besoins, au niveau des technologies qui arrivent sur le marché, essayer de les décrypter, savoir quelles promesses elles portent, et essayer de jauger leur niveau de maturité, et aussi d’avoir en même temps un screening permanent de toutes les startups qui arrivent.

Il faut répondre à la question : quels seraient les scénarios si les signaux faibles se confirmaient sur les marchés des Mousquetaires à 15 et 20 ans

Sur le long terme, cette direction identifie les signaux faibles, et effectue un exercice de prospective qui consiste à se dire, quels seraient les scénarios si ces signaux faibles se confirmaient sur les marchés des Mousquetaires à 15 et 20 ans. « L’idée c’est de nous donner un temps d’avance, d’anticipation, sur l’évolution potentielle de nos marchés » ajoute-t-il. En parallèle, la direction anime un réseau d’experts externes, qui alimentent sa réflexion de façon régulière sur ses projets. Il s’agit de partenaires académiques, techniques, publics, des startups, des experts sectoriels, …

Dès que la direction s’intéresse à un sujet, elle dispose de ce regard extérieur avec une expertise qui vient la challenger ou confirmer ses convictions. « Et au bout du bout, il s’agit d’aller sur le terrain, de concrétiser nos idées, pour voir si nos idées qui semblaient brillantes sur le papier, se confirment factuellement dans les magasins, pour voir l’impact business, l’impact client ou l’impact opérationnel pour nos magasins » prévient le responsable.

Un processus de 3 à 4 ans pour murir sur la vision par ordinateur

La vision par ordinateur a suivi ce long processus. « La vision par ordinateur chez nous a suivi tout ce processus. Nous avons commencé à défricher ce sujet il y a 3 à 4 ans. Il y avait les premiers prototypes qui commençaient à montrer une belle promesse, mais on voyait que la technologie était encore trop jeune, et pas assez maîtrisée » indique-t-il. La direction a basculé en mode projet avec la startup belive.ai et storelift, il y a 2 ans.

« Là, nous étions arrivés à un bon niveau d’équilibre, entre une technologie qui était maîtrisée et mûre, et nous aussi nous avions fait notre cheminement sur la technologie. Nous avons réussi à déterminer les cas d’usage qui étaient prioritaires pour nous. A partir de ces deux facteurs, c’est intéressant de passer en projet » conclut-il.


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