Intelligence artificielle : raisonnée ou intuitive, à laquelle faire confiance ?

De gauche à droite, Alain Kaser d'Yseop, Michèle Flasaquier d'Innocherche et Jérôme Hoibian de Spirops, le 9 mars

Quand il s’agit d’intelligence artificielle, on peut choisir une solution de type raisonnée plutôt qu’une solution intuitive. Les deux approches finiront par se fondre. L’inquiétude est bien présente côté utilisateurs. C’est ce que montre la récente conférence organisée par le Think Tank Innocherche.

« Peut-on avoir confiance dans l’Intelligence Artificielle ? » C’était le thème de la dernière conférence d’Innocherche organisée le 7 mars dernier dans les locaux de Bureau Veritas à Neuilly. Le public a montré son inquiétude.


Conserver le contrôle

A priori, selon les experts qui se sont exprimés, tout dépend de la forme d’intelligence artificielle retenue. En choisissant une intelligence artificielle raisonnée, cela permet de conserver le contrôle.

C’est ce qui ressort de l’intervention de Jérôme Hoibian, CTO (Chief Technology Officer) de Spirops, laboratoire privé français de recherche en Intelligence Artificielle. Spirops développe une approche originale d’imitation des comportements humains et d’incrémentation progressive de ces règles de comportements.

Spirops a déployé ses solutions dans les jeux vidéo, la robotique ou le transport. Pour Jérôme Hoibian, l’efficacité et la maîtrise des solutions développées ne fait aucun doute. En particulier car l’Intelligence Artificielle déployée est dite « raisonnée » , et ne repose que sur des règles et de la matière grise humaine.

Ceci par opposition à l’Intelligence Artificielle dite « intuitive », qui repose essentiellement sur l’analyse statistique de données – aujourd’hui aux mains des géants des technologies américains et asiatiques – et sur une architecture qui donne à la machine une autonomie plus importante.

Opportunité pour les Européens

D’ailleurs, pour Jérôme Hoibian, cette voie « raisonnée » représente aujourd’hui une véritable opportunité pour les startups européennes d’Intelligence Artificielle de se développer face à la puissance des GAFAM (Google Amazon Facebook Apple Microsoft) qui construisent leur leadership grâce à la taille de leurs bases de données.

Et cela d’autant plus que les solutions déployées par Spirops, notamment développées pour le compte du groupe PSA (Peugeot) pour son véhicule 100% autonome, démontrent une réelle efficacité et atteignent leurs objectifs. « … j’ai rencontré le meilleur copilote avec lequel j’ai travaillé… » s’amuse à déclarer le pilote automobile Sébastien Loeb dans une vidéo projetée aux participants qui présente une Citroën expérimentale pilotée avec la technologie Spirops. 

Alain Kaeser, président d’Yseop, défend également l’efficacité de l’Intelligence Artificielle « raisonnée ». Le produit phare d’Yseop, un logiciel de traitement et d’analyse de données, raisonne et rédige des recommandations comme le ferait un être humain, s’appuie lui aussi sur cette méthodologie. Alain Kaeser, président cofondateur d’Yseop est un champion français du Natural ​L​anguage Generation, qui se focalise sur tout ce qui est interface homme-machine par le dialogue en langage naturel.

Regroupement des solutions d’intelligence artificielle

Avec réussite, puisqu’aujourd’hui il est déployé dans un grand nombre de sociétés du CAC 40 et des Fortune 500 américaines, dans des secteurs aussi variés que la finance, l’énergie, ou la grande distribution.

Mais pour Alain Kaeser, le débat Intelligence Artificielle « raisonnée » ou « intuitive » n’a pas beaucoup de sens car à horizon de 2030, les deux approches, associées à la prolifération des objets connectés, seront fondues dans une seule et même discipline.

Reste que la machine qui apprend et se développe elle-même et ce de manière autonome, tout en réalisant des tâches en plus grande quantité, plus rapidement et souvent plus efficacement que l’homme, inquiète.

Préoccupation majeure

Malgré la confiance affichée par les deux experts dans leurs exposés, les questions de la salle ont démontré que la maîtrise de la machine par l’homme reste un sujet de préoccupation majeur. Et ce, même si l’invité surprise de la soirée, l’essayiste philosophe Jean Staune, a tenté de convaincre que ce que l’on appelle la « conscience » d’une machine n’est pas forcement une conscience humaine, et que nous avons encore le pouvoir de choisir que la voie envisagée par la science-fiction reste de la science-fiction.

Cet événement a réuni 150 participants sur le thème de l’efficacité et de la maîtrise de ces technologies d’intelligence artificielle qui sont en train de se propager à toute vitesse dans tous les secteurs de l’économie et de notre vie quotidienne.

Innocherche est un écosystème de veille innovation pour anticiper et décoder la disruption digitale à destination des dirigeants.

Cet article a été rédigé par Jean-Christophe Myon pour Innocherche. Retrouvez Innocherche sur son fil Twitter : @InnochercheNews ou sur son site www.innocherche.com

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