Des médecins qui dialoguent entre eux, un apport important de l’IA à l’hôpital de Valenciennes

En moyenne, 200 personnes arrivent par jour aux urgences de Valenciennes

Qu’apporte l’intelligence artificielle à l’hôpital de Valenciennes ? A priori, un dialogue plus objectif entre les médecins des urgences et ceux des services internes, pourrait-on résumer. Et d’une manière plus générale, le numérique va permettre de mieux s’organiser entre toutes les équipes de soins pour prendre en charge les patients au sein des différents services de l’hôpital.

Intervention du directeur de l’innovation et de la transformation

C’est ce que l’on retient de l’intervention de Bernard Castells, directeur de l’innovation et de la transformation de l’hôpital de Valenciennes. Il a pris la parole à l’occasion de l’événement AI for Health, en novembre. Le numérique et l’IA apportent une aide aux médecins pour « objectiver » – c’est-à-dire rendre concrets – des dialogues ou des coopérations qui ont besoin de l’être. En clair, les chiffres calculés par l’IA (Intelligence Artificielle) font naître un dialogue entre les médecins sur la manière dont ils vont devoir organiser leur travail.

« Le vrai enseignement aujourd’hui c’est de voir que les médecins des urgences et des services se parlent de choses très concrètes »

A Valenciennes, l’IA et le numérique donnent notamment des prédictions sur le nombre de patients qui devraient arriver aux urgences au quotidien, avec une prédiction calculée à l’heure. « Finalement, ce que je retiens de notre expérience qui n’est quand même pas rien, c’est que l’on dialogue plus quand on a des éléments de dialogue qui sont partagés et d’une certaine façon objectivés » déclare Bernard Castells. « Le vrai enseignement aujourd’hui c’est de voir que les médecins des urgences et des services se parlent de choses très concrètes. Ils sont d’accord ou pas d’accord mais au moins ils ont de quoi s’exprimer et partager » ajoute-t-il.    

« Demain l’IA et les solutions numériques vont nous permettre d’ajuster ce qu’il y a de nécessaire aujourd’hui dans nos organisations en transversal pour pouvoir prendre en charge les patients » estime-t-il. « Et d’ajuster l’interface entre ce qui est humain, et ce qui est apporté par des solutions numériques ou d’IA » termine-t-il.  

L’hôpital mise sur l’IA et le numérique depuis 3 ans

L’hôpital de Valenciennes mise sur l’intelligence artificielle et le numérique depuis 3 ans. Il a mis en place en 2019 un logiciel de prédiction des flux d’arrivée de patients aux urgences. Il s’agit du logiciel de la société suisse Calyps. Ce logiciel prédit à 7 ou 8 jours en amont avec une fiabilité de 90% les arrivées de patients aux urgences de l’hôpital de Valenciennes, présente le directeur de l’innovation. Les urgences de Valenciennes accueillent environ 200 personnes par jour. « Cela a permis de traiter les éléments de quantité avec une fiabilité de la prédictivité intéressante à 7 à 8 jours, puisque cela permet effectivement d’être très juste au-delà de 90% de prédictivité. Donc cela est un résultat très intéressant » reconnaît Bernard Castells.

« Quand on connaît les différents types de population en cardiovasculaire, en digestif, en neurologie, etc. on peut commencer à prévoir dans quel service ces patients vont être orientés »

L’idée est de prévoir non seulement le nombre de personnes arrivant aux urgences pour éviter les épisodes de tensions dues aux pics de trafic mais également de savoir quelles pathologies vont être concernées. « 30% des personnes arrivant aux urgences devront être orientées vers les services internes de l’hôpital » ajoute-t-il. « Quand on connaît les différents types de population de manière ‘macro’, c’est-à-dire pour en cardiovasculaire, en digestif, en neurologie, etc. on peut commencer à prévoir dans quel service ces patients vont être orientés s’ils ont besoin d’être orientés à l’intérieur de l’hôpital » commente le responsable.

« Cet impact aléatoire il faut le connaître, en tout cas potentiellement le connaître pour pourvoir l’accompagner dans sa mise en œuvre à l’intérieur des services » présente-t-il. Cela doit permettre de se préparer pour les lits, les soignants et les équipements à mobiliser. « Nous avons des éléments quantitatifs qui sont de plus en plus qualitatifs, qui vont s’affiner au fil du temps, avec des éléments d’analyse ou de pré analyse qui vont permettre aux médecins et aux équipes soignantes de prendre des décisions, de gestion des lits bien entendu » ajoute-t-il. « Il faut comprendre aussi qu’autour du patient il y a une gestion du plateau technique, de la biologie, du bloc opératoire, cela suppose de rentrer dans cette complexité mais avec des éléments objectifs de dialogue » retient-il.

Une solution d’optimisation des recettes de l’hôpital

L’hôpital a également mis en place une solution numérique et d’IA sur la pharmacie clinique, sur la gestion des risques cardio-vasculaires, la gestion des risques infectieux et sur l’optimisation des revenus par la tarification à l’activité. « Depuis 3 ans à Valenciennes, nous avons décidé d’installer l’intelligence artificielle au quotidien. Nous avons plusieurs solutions. Nous avons fait cela pour trouver la meilleure interface entre les organisations et les solutions numériques » indique Bernard Castells.

« Le Covid nous a montré que dorénavant, il va falloir travailler les parcours des patients »

Il insiste sur le fait que le Covid dans sa phase 1 a montré que sans le numérique il n’y a pas de soins. « Le Covid nous a montré que dorénavant, il va falloir travailler les parcours des patients. Le patient selon son état est orienté dans un espace dans l’hôpital et différentes étapes. Ce sont les professionnels qui viennent autour du patient prendre leur part de responsabilité dans la chaîne de valeur de prise en charge » décrit-il. Avec Calyps, l’idée était de gérer le flux de patients, et de connaître la quantité de patients qui arrivent aux urgences, et comment ils se définissent en termes de pathologies pour les principales pathologies, cardiovasculaire, digestif, neurologiques, etc.

Lors de la mise en œuvre et du paramétrage du logiciel, « nous avons mis en place le système sans information sensible, puisque l’on n’a pas le nom du patient. Il y a des éléments extérieurs liés à la météo, à l’état de la route, et des éléments internes qui sont liés à l’histoire du service des urgences » explique-t-il. De fait, à Valenciennes, le logiciel Calyps s’appuie sur les données – anonymisées -récoltées depuis plusieurs années par l’hôpital à chaque séjour d’un patient et les croise avec d’autres données, notamment sur la météo, les événements locaux tels que les manifestations ou les matchs, et le trafic routier. C’est ce que présente un reportage de l’AFP réalisé en février 2020.

Le logiciel prédit le flux de patients attendus aux urgences sur 7 jours

L’algorithme de Calyps peut ainsi faire des corrélations entre des épisodes de verglas et des entrées aux urgences. Sur son ordinateur, chaque médecin peut visualiser le flux attendu pour chacun des sept prochains jours. Le logiciel indique le nombre de patients entrant, sortant et présents dans le service, avec un degré de précision à l’heure près et un taux de fiabilité supérieur à 90 %.

« On attend aujourd’hui 215 patients, dont 37 de plus de 75 ans », indique ainsi Antoine Maisonneuve, chef du service des urgences interviewé par l’AFP. Il relève également qu’entre 11 h et midi, il y aura 13 admissions. Mais ce qui l’intéresse, ce sont les prédictions à trois jours, pour adapter les moyens en termes de lits comme de personnel. Il voit enfin au-delà de l’heure qui vient  et des alertes du Samu et des admissions à l’accueil des urgences.


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