Face au Covid-19, les réseaux sociaux choisissent des héros, arme clé pour la communication des autorités

Laetitia Atlani-Duaultat, membre du comité analyse recherche et expertise

Laetitia Atlani-Duaultat aide le gouvernement à lutter contre le Covid-19. Anthropologue, elle travaille sur l’impact sociétal des crises sanitaires et humanitaires, telles que les épidémies VIH/sida, H1N1, Ebola, et aujourd’hui le Covid-19. Elle est à la fois membre du Comité scientifique qui conseille le gouvernement depuis début mars et membre du nouveau comité analyse recherche et expertise (Care) créé le 24 mars par Emmanuel Macron.  

Etude de Twitter et Facebook

Le sens de ses travaux montre que les autorités publiques doivent s’appuyer sur les héros locaux, qui émergent des médias sociaux, lorsqu’elles veulent communiquer dans des situations d’épidémie. Laetitia Atlani-Duault a étudié les médias sociaux – twitter et Facebook – et les phénomènes d’héroïsation – le fait d’élever quelqu’un au rang de héros comme ce fut le cas pour Clémenceau lors de la guerre de 14-18 – et le blâme – trouver un bouc émissaire.

Un agent de santé qui apporte des informations essentielles tout en faisant son travail peut devenir un héros

Côté héroïsation, ses études conseillent d’identifier des héros locaux au fur et à mesure de leur apparition et de travailler avec eux sur internet et en dehors d’internet dans les campagnes de communication des autorités publiques. Les héros peuvent inclure, par exemple, les lanceurs d’alerte qui mettent leur carrière en danger pour alerter le public et les agents de santé qui apportent des informations essentielles tout en faisant leur travail.

Lors de l’épidémie Ebola en 2015, l’analyse des données des médias sociaux montre que le statut de héros était largement conféré à des personnes ordinaires ou à des personnes présentes au sein d’organisations, des « insiders » qui ont accès à des informations clés, plutôt qu’à des étrangers altruistes, on pense alors aux professionnels venus d’autres pays et qui apportent leur aide en travaillant pour des ONG.

Le bouc émissaire donne du sens à une catastrophe


Quant à la recherche de quelqu’un à blâmer, cela fait partie du processus consistant à donner un sens à toute catastrophe, semblable au phénomène de panique morale, établissent ses travaux. Il est important de suivre en temps réel l’évolution de la dynamique du blâme, à la fois pour corriger les informations inexactes et pour répondre au phénomène de bouc émissaire en ligne, indique-t-elle.

Dès lors, les autorités doivent affiner en conséquence des stratégies de communication sanitaire ciblées, identifier et amplifier les héros locaux et internationaux, tout en contrant les tentatives de blâmer, de faire des boucs émissaires et de répandre la désinformation.

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