Chariot intelligent en grande surface : la fausse bonne idée ?

Chez Intermarché, le test est mené avec la solution de la société Shopic et Capgemini

Rien n’est plus exigeant que d’assurer la maintenance d’un dispositif électronique fragile déployé à grande échelle auprès du grand public dans un environnement rugueux. C’est bien le cas des chariots connectés munis d’écrans et d’une électronique similaire à celle d’un PC.

Test du chariot chez Intermarché à Provins (77)

Pour autant, des projets de chariot connecté ressurgissent régulièrement en France. Le dernier en date est testé à Provins (77) chez Internarché. Intermarché avait déjà expérimenté dans ce domaine un écran embarqué dans ses chariots en 2014. Plus récemment,  en 2021, Intermarché a testé des paniers de courses qui reconnaissent les produits.

L’heure est désormais au chariot intelligent, doté d’une intelligence artificielle afin d’identifier les produits. Le projet est mené avec Shopic et Capgemini. Le chariot peut détecter automatiquement les articles en s’aidant de  la vision par ordinateur. Le but annoncé est de moderniser le passage en caisse.

Le dispositif scanne les produits lorsqu’ils sont placés dans le chariot



Le boitier se fixe sur un chariot standard. Il dispose de vision par ordinateur (« computer vision »). Cela permet au chariot de reconnaître des milliers d’articles sans qu’il soit nécessaire de les scanner. Le client contrôle ses dépenses en temps réel. Il peut consulter sa cagnotte et visualiser les offres et les promotions du magasin qui s’appliquent directement sur le montant total de son panier. Ce dispositif doit permettre un gain de temps lors du passage en caisse libre-service.

De nouveaux écrans publicitaires en magasin

Intermarché annonce qu’à plus long terme, ces nouveaux écrans qui apparaissent dans le magasin pourront afficher de la publicité. La présence sur ces nouveaux écrans sera commercialisée par le distributeur dans le cadre de son offre de Retail Media. Intermarché pourra diffuser des publicités et les offres des fournisseurs pendant le parcours de courses de ses clients. Ce contenu devrait être pertinent et mieux adapté aux besoins des consommateurs.

« C’est une avancée significative pour apporter les avantages du commerce en ligne aux magasins physiques » estime Raz Golan, CEO et co-fondateur de Shopic qui vante l’approche visionnaire d’Intermarché. « Avec notre technologie de chariot intelligent, Intermarché offre aux clients une expérience novatrice, interactive et personnalisée et une solution sécurisée d’encaissement autonome pour les magasins » ajoute-t-il.

Test concret de la vision par ordinateur

« Ce projet pilote avec Shopic est une excellente opportunité de tester concrètement les avantages de l’IA, avec la computer vision, pour le commerce » explique Perrine Vignon, patronne de l’Intermarché à Provins. Chez Intermarché, une innovation ne peut être testée que si un des dirigeants des magasins du groupement accepte de participer car il est intéressé. « Les clients vont bénéficier d’un parcours d’achat simplifié, rapide et efficace grâce aux chariots connectés » conclut-elle.

Le chariot intelligent d’Intermarché semble toutefois fragile comparé à celui que le géant Amazon a proposé en 2020, le Dash Cart, avant de l’améliorer en 2022, toujours dans le but de remplacer le passage en caisse. Ce chariot est nettement plus encombrant et solide que le chariot d’Intermarché. Dans sa version perfectionnée, il est extrêmement technique avec un écran, des capteurs et des caméras.

Le nouveau modèle d’Amazon permet d’effectuer plus de courses que dans sa version précédente et il est plus résistant aux conditions d’usage, comme la chute d’objets lourds ou le changement de température. Il assure la pesée des produits. L’autonomie de la batterie qui alimente l’ensemble a été augmentée.  Les caméras identifient les produits déposés. « 98 % des acheteurs d’Amazon Fresh déclarent être satisfaits à la fin d’un achat sur Dash Cart » annonce Amazon sur la page présentant le chariot Dash Cart. Si la vidéo ne s’affiche pas, elle est visible ici.

En avril 2024, on apprenait que les chariots Dash Cart d’Amazon seraient privilégiés avec les caisses en self service pour remplacer le passage en caisse traditionnel. Le système « just walk out » était arrêté dans les surfaces importantes car le suivi des clients nécessite trop de caméras et de vérifications de la part d’opérateurs humains selon The Information.  Ce qui n’est pas le cas avec le chariot intelligent qui embarque sa propre intelligence.

Un journaliste de Business Insider a essayé le chariot Dash d’Amazon pour faire ses courses en juin 2024 dans un magasin Amazon Fresh et il annonce qu’il ne le refera probablement pas. Il trouve qu’il n’y a pas autant d’avantages à utiliser le chariot Dash qu’il le pensait. L’usage du chariot ressemble beaucoup à une caisse en libre-service. Le client doit tout scanner lui-même et saisir les codes de certains articles. Et, si on change d’avis, on doit supprimer le produit via l’écran. Côté distributeur, le chariot intelligent pourrait bien présenter autant de failles que les  caisses automatiques en termes de vol.

Identification auprès du chariot via l’app Amazon Shopping

Le chariot nécessite de s’identifier auprès de lui via l’application Amazon Shopping qu’il faut installer sur son smartphone. Des vidéos sur le chariot expliquent comment s’en servir. Il a testé le chariot sur les légumes, car ils n’ont pas de code barre et qu’il faut les peser. La manipulation nécessite pour le client de saisir le code PLU (code d’identification) et d’effectuer la pesée dans le chariot. Cela rappelle une caisse en self service.

D’autre part, l’écran du chariot change au fur et à mesure de la progression dans les allées, afin de mettre en avant certains produits.  Le chariot Dash possède 3 scanners : deux orientés vers l’avant au-dessus du panier et un autre orienté vers le bas sous la poignée. Ils permettent de scanner la plupart des produits emballés dans le magasin. Le journaliste a trouvé difficile toutefois de scanner le code barre d’un pack de 4 bouteilles d’eau. Le chariot a détecté lorsqu’il a retiré un produit et lui a demandé de confirmer ce retrait.

Chariot à laisser à l’entrée du magasin

Pour voir la réaction du chariot, il a nié avoir retiré un produit. Le chariot Dash n’a pas posé plus de questions. Le produit retiré a été facturé. A la sortie, l’écran affichait qu’il devait présenter sa pièce d’identité à un employé car il avait acheté de l’alcool. Le compte du journaliste a été débité lorsqu’il est sorti du magasin. Toutefois, il a du laisser son chariot intelligent à la porte du magasin auprès d’un employé sans pouvoir aller jusqu’à sa voiture. Il a transféré ses achats dans son sac.

Amazon propose la dernière version de son chariot Dash dans un peu moins de 40 magasins aux États-Unis, dont 28 magasins Amazon Fresh. Le chariot est aussi proposé dans des magasins Whole Foods.

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