Acquisition de Slack par Salesforce pour 27,7 milliards de dollars : le point d’orgue d’une concurrence effrénée avec Microsoft


Salesforce, le leader californien des logiciels CRM en mode Cloud pour le suivi de la clientèle des entreprises, rachète la société Slack spécialisée dans le travail en mode collaboratif pour 27,7 milliards de dollars. L’achat s’effectue pour partie en cash et pour partie en échange d’actions. Les actionnaires de Slack recevront 26,79 $ en liquide et 0,0776 action de Salesforce contre 1 action Slack.

Slack deviendra l’interface de travail avec la plateforme Salesforce

Slack délivre une solution de collaboration et de gestion de projets à distance. Slack deviendra l’interface de travail pour l’utilisateur de « Salesforce Customer 360 », l’outil CRM de Salesforce. Par cette acquisition, Salesforce vient concurrencer Microsoft et sa solution Teams de travail en groupe. A l’heure où le télétravail gagne du terrain, Salesforce renforce son offre de collaboration à distance avec une plateforme de messagerie qui permet de créer des canaux d’échanges, privés ou publics, pour des équipes travaillant en projet.

Slack et Microsoft ont mené une bataille de communication acharnée sur les chiffres liés aux usages de leurs outils respectifs

L’ironie de l’histoire est que ce rachat bat le record de 26,2 milliards de dollars établi par Microsoft lors de son rachat de Linkedin, pointent Guillaume Gombert, directeur de projets stratégiques et Jérémy Taïeb, analyste financier chez Fabernovel et co-auteurs de l’étude GAFAnomics « Slack, The Future Workspace ». Les deux experts relèvent que depuis l’entrée en bourse de Slack en 2019, Slack et Microsoft ont mené une bataille de communication acharnée sur les chiffres liés aux usages de leurs outils respectifs. En juillet 2019, les deux concurrents avaient pratiquement le même nombre d’utilisateurs actifs, 13 millions environ. Depuis, Microsoft a creusé l’écart au cours des mois suivants atteignant 44 millions d’utilisateurs à la mi-mars 2020. Les choses se sont emballées avec le confinement dans de nombreux pays.

En rendant son outil Teams gratuit temporairement, puis en accélérant sa feuille de route produit, Microsoft a su tirer profit de la crise, soulignent-ils. « Quand on est un grand compte, ayant déjà la bureautique Office, pourquoi payer Slack quand on peut utiliser Teams presque gratuitement ? » interrogent-ils. Désormais, Teams semble être bien devenu la clé de voûte d’Office365, et Microsoft compte 115 millions de clients actifs sur ces solutions. Accessoirement, on peut relever qu’après avoir payé un prix aussi élevé pour Slack, le management de Salesforce devrait encore accroître la pression sur ses commerciaux pour qu’ils vendent toujours plus. De quoi augmenter le sentiment d’agacement de certains clients face à l’insistance des vendeurs de Salesforce.


Le déploiement de Salesforce chez Peugeot patine

La création d’une base de données unique plus complexe que prévu

La plateforme CRM de Salesforce est en cours de déploiement chez Peugeot dans différents pays. Complexe, le projet a pris du retard. En France, le calendrier prévoit la mise en place du logiciel en fin d’année, voire début 2021. Depuis deux ans déjà, le constructeur automobile PSA (Peugeot Société Anonyme) est engagé avec Salesforce, également […]

Salesforce devrait doper l’accès de Slack aux grandes entreprises

Les deux auteurs de Fabernovel analysent pour leur part le rachat de Slack par Salesforce comme l’opportunité rêvée pour relancer la machine Slack et profiter des synergies avec les 150 000 clients de Salesforce qui sont majoritairement des grands comptes comme Microsoft. En effet, ils relèvent que Slack n’affichait début 2018 que 150 firmes « grands comptes » comme clientes de son offre Enterprise. Et pour Salesforce, c’est le moyen de faire de Slack une interface de programmation et d’administration conversationnelle afin de connecter ses clients à ses outils de back-office commerciaux.

Les équipes métiers discuteront directement avec leurs données en passant par Slack

« Il n’y aura plus besoin d’aller chercher l’information dans un tableau de bord. Avec Slack, il suffira de taper ‘quel est le chiffre d’affaires de tel client ?’ pour obtenir la réponse » illustrent-ils. Les équipes métiers discuteront ainsi directement avec leurs données. Ils ne seront ainsi plus dépendants des équipes de Business Intelligence et commerciales pour suivre la performance de leurs business units. « Slack serait ainsi la brique manquante pour pallier le manque de réussite de Chatter, le réseau social d’entreprise de Salesforce » pointent-ils. La plateforme de Slack s’interface avec 2400 applications utilisées pour collaborer, communiquer et réaliser leurs tâches quotidiennes.

Il reste à Salesforce à réussir son absorption de Slack. « L’outil Slack s’est construit sur une culture propre, inspirée de l’univers très coloré et ludique des jeux vidéo et reprenant tous les codes des réseaux sociaux avec les emojis, gifs, threads et mentions. Sa richesse vient aussi de son côté agnostique, puisque cet outil intègre une panoplie de plus de 2400 applications externes qui peuvent se brancher à Slack » décrivent Guillaume Gombert et Jérémy Taïeb. Les deux experts considèrent que cela devrait marcher, Salesforce ayant réussi à intégrer Heroku tout en conservant son authenticité, il y a quelques années

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