La SNCF engagée dans des projets digitaux ambitieux industriels et d’entreprise

Benoit Tiers, directeur général de e.SNCF

A l’occasion de l’inauguration à Lille de la cinquième « maison du digital », baptisée Espace 574 par référence au record mondial de vitesse sur rail, la SNCF a présenté le 29 août trois projets innovants s’appuyant sur le digital et la donnée.

Trois projets innovants et ambitieux

Trois projets numériques ont été présentés. Il s’agit d’un usage des données de géo-localisation des clients – via leur smartphone – afin de comprendre leurs parcours porte à porte,  de l’usage des smartphones et des iPads des conducteurs de train afin de détecter les anomalies sur les voies, et la construction d’un double numérique du réseau ferré grâce à des radars Lidar placés sur les trains.


« En 2018, SNCF devient une entreprise pilotée par la donnée » affirme Benoit Tiers, directeur général de e.SNCF. e.SNCF est une entité qui réunit les systèmes d’information et le digital de la SNCF. Pour l’entreprise, il s’agit d’utiliser la donnée pour la performance de l’entièreté de ses programmes. « Notre objectif est aussi de lutter contre l’autosolisme et de faire en sorte qu’il y ait de plus en plus de voyageurs dans les transports collectifs en France » annonce le DG.

Conscient de la concurrence, il entend informer les clients de la manière qui correspond véritablement à leurs besoins. « L’objectif est d’avoir un ‘bout en bout’ numérique pour le plan, le pay, le book, le ticket [NDLR : la planification du voyage, le paiement, la réservation et le titre de transport]. Il s’agit d’accompagner le voyageur durant tout le trajet, y compris dans nos gares et nos trains » insiste le responsable. « A chaque fois cela doit être un ensemble de micro-moments physiques et digitaux » ajoute-t-il. « Il y a une urgence à agir » reconnaît-il.

Analyse des parcours porte à porte des voyageurs

Dans le détail, la SNCF a présenté le projet Data Flux voyageurs. Les données de géo-localisation client sont utilisées pour faciliter la recherche des trajets, afin de rendre l’application SNCF plus intelligente et personnalisée.

Une fois que l’utilisateur a donné son autorisation de géo-localisation, l’appli est capable de suggérer le prochain endroit où il pourrait se rendre, et ainsi, lui proposer les moyens de transport les mieux adaptés. « Pour que les voyageurs disposent d’une mobilité collective plus pratique » insiste Benoit Tiers.

Data.flux voyageurs traite anonymement les données de géo-localisation des smartphones d’un échantillon de clients. Elle les croise avec les données du réseau et des trains pour comprendre les trajets porte à porte. Cela doit aider à améliorer le service.

La donnée était inexploitable

« Nous appliquons des technologies de Big Data, d’intelligence artificielle et de géo-intelligence afin  d’identifier les trajets que les clients ont effectué en train ou pas » indique David Assouline, directeur SI et Digital, l’entité MaAS (Mobility as a service) de la SNCF.

« Ce qui est essentiel, c’est la vision en global en porte à porte. Cela nous permet d’adapter notre offre de transport, train essentiellement mais aussi en car et TER » précise-t-il. Cela permet aussi d’imaginer de nouveaux services. Le projet a été mené avec la Fab Big Data de la SNCF qui réunit des Data Scientists et des Data Engineers. « C’est typiquement un projet où on part d’une donnée qui est inexploitable et on arrive à faire parler cette data en appliquant des traitements qui la rendent compréhensible et qui nous donne une information exclusive que nous n’avions pas auparavant » se félicite le responsable.

Autre cas, l’usage astucieux des smartphones des conducteurs de trains avec le projet Vibrato. Il s’agit d’une expérimentation qui consiste à récolter les données de vibration géo-localisées, via les gyroscopes et accéléromètres des smartphones embarqués dans les trains du quotidien, c’est-à-dire les TER, les Transilien et les Intercités. L’entreprise doit être ainsi capable d’inspecter la condition des voies ferrées et réaliser les opérations de maintenance, avant que les pannes ne surviennent.

Détection des vibrations par smartphone

L’application Vibrato utilise les fonctionnalités du smartphone pour enregistrer les vibrations des roues. Dès qu’une vibration anormale est détectée, l’application Vibrato croise les vibrations des trains passés à cet endroit. Si l’alerte est confirmée, l’alerte est envoyée au superviseur qui envoie une équipe inspecter la voie.

Enfin, la SNCF mène un autre projet majeur : la duplication en numérique du réseau ferroviaire, afin de piloter au mieux les opérations. Le réseau est scanné grâce à la technologie de radar Lidar associée à des logiciels de reconnaissance automatique. L’outil permet de créer des nuages de point en 3D.

La SNCF équipe ses trains de surveillance de radars Lidar. Les Lidars scannent l’intégralité des voies en 3D. Les données sont croisées et traitées par des logiciels d’intelligence artificielle de reconnaissance automatique pour construire une cartographie 3D de l’ensemble du réseau ferré. La supervision est plus précise et la maintenance améliorée. Le projet a démarré il y a 3 ans. La 3D permet d’identifier les poteaux caténaires, les signaux, les rails, les ponts, les ouvrages en terre et les parois rocheuses. Ces données 3D sont diffusées depuis juillet 2017 via un service baptisé Atlas.

Ouverture des données du réseau ferré à l’extérieur

L’usage est interne pour l’instant. « Mais nous pensons l’ouvrir à l’extérieur dès début 2019 » annonce Bruno Landes, responsable de la division assistance travaux et topographie de SNCF Réseau. « Nous avons actuellement 1 Po de données » ajoute-t-il. Il devient inutile de se déplacer sur le terrain. Cela permet de préparer les travaux, pour créer les futures maquettes numériques, et pour le futur jumeau numérique de l’infrastructure.

La SNCF a lancé son programme de transformation digitale en 2015. La SNCF possède des données historiques comme les horaires, les données industrielles archivées de toutes les interventions sur ses 15 000 trains, 30 000 kilomètres de voies et ses 3 000 gares. L’application SNCF a été téléchargée 10,8 millions de fois.

« Ce patrimoine est inédit, structuré, exploité et protégé » déclare Benoît Tiers. « Nous sommes désormais en capacité de gérer une quantité de données beaucoup plus importante, de les croiser pour proposer de nouveaux services » conclut-il

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