Jacques Séguéla : « faites de la data une femme, un objet aimé, et pas un troupeau de buffles »

Jacques Séguéla

Les professionnels de la data font fausse route. Ils doivent d’abord faire aimer la data et appliquer les bonnes règles afin de protéger l’intimité du consommateur. C’est ce que préconise le publicitaire Jacques Séguéla.

Faites-en une femme

« La data, faites en une femme, faites en un objet aimé. Pour l’instant c’est un troupeau de buffles qui se déverse sur le net; et rien ne repousse sur le passage des datas. Faisons-en l’amie de l’homme et de la femme, » dit-il. Il a pris la parole lors de l’événement ApplyingBigData organisé sur le thème du Big Data, le 14 décembre dernier à Paris. Il intervenait en tant que grand témoin.


« Ce que je voudrais dire aux Datas, c’est vous vous y prenez mal, » tacle gentiment Jacques Séguéla, s’adressant aux participants d’une table ronde sur le Big Data. « Vous faites des grandes conférences savantes avec des scientifiques qui arrivent des Etats Unis ou d’ailleurs. Vous parlez un langage que l’on ne comprend pas très bien, vous vous comprenez entre vous, « pointe-t-il.

« Mais faites aimer la data, donnez du coeur à la data; donnez de la poésie à la data, rendez-moi gâteux de la data. C’est ce que j’ai envie de vous dire, mais pour ça, il faut d’abord commencer par faire la pub de la data, » préconise-t-il, se proposant en souriant pour être le créatif de cette opération.

Un bouton appelé Marilyn

Et d’illustrer son propos avec le bouton connecté Dash d’Amazon qui permet de remplir son panier de courses à domicile. « Mais appelez-le Marylin, ce bouton » lance-t-il. Pour lui, pas de doute, les datas vont changer le monde, « à condition qu’elles ne se mettent pas le monde à dos. A condition que dès le départ elles se fassent aimer, » prévient-il. Et d’attirer l’attention sur la montagne de données que chacun d’entre nous génère chaque jour, évoquée lors de la table ronde.

« Qu’est ce que je vois dans les chiffres, 1 million de données par jour et par utilisateur, ils vont être multipliés par 10 dans les 5 ans qui viennent avec les objets connectés, avec les trackers d’activité, cela fait froid dans le dos, » tranche-t-il.

Il donne deux conseils : « cette data, il faut la mettre en droit humain, il faut lui donner une forme. » et de proposer : « faites en une femme, faites en un objet aimé. Pour l’instant c’est un troupeau de buffles qui se déverse sur le net; et rien ne repousse sur le passage des datas. Faisons-en l’ami de l’homme et de la femme. »

Loi européenne stricte

Côté loi, « Il faut qu’il y ait une loi, faisons là d’abord européenne puis mondiale extrêmement stricte qui protège mon intimité,  » préconise-t-il. Et de s’expliquer : « je n’ai pas envie qu’on me flique en permanence. Je ne trompe pas ma femme mais je trouve ça lamentable que l’on sache où je suis à toute heure du jour ou de la nuit. »

Il poursuit : « j’en  ai marre que l’on me dise que parce que j’ai aimé cela, je dois aimer ceci, laissez moi aimer ce que je veux. Quand j’ai besoin d’un coup de main, j’ai Netflix comme tout le monde, d’ailleurs je vais rendre leur truc parce que je ne travaille plus, je n’écris plus,  je ne fais plus que regarder ces merdes de Netflix. Arrêrez, » fait-il mine de s’énerver.

Et de rappeler les travers de la publicité, lorsque submergés par le matraquage du même message, les consommateurs ont dit arrête, s’il te plaît. « C’est ce qui se passera pour la data, stop arrête, cela va arriver s’ils ne font pas les réformes qu’ils doivent faire dès le départ, » conclut-il.

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