Jacques-Antoine Granjon : « je fais l’inverse de Criteo, je mise sur l’intelligence du client »


Jacque-Antoine Granjon, PDG et fondateur du site de vente en ligne vente-privée.com est cash quand il donne son avis. Il se montre résolument opposé aux nouvelles tendances qui consistent  à suivre l’internaute lors de ses pérégrinations sur le web, afin de lui proposer des bannières publicitaires censées lui plaire au vu de ses différentes recherches.

«  Nous, on ne veut pas traquer le consommateur, c’est le modèle contraire de Criteo. Le client est de plus en plus intelligent. » Et Jacques-Antoine Granjon entend bien lui faire confiance pour qu’il fasse ses propres choix. Il s’exprimait lors de l’événement Hub Forum, le mercredi 10 octobre, à l’espace Pierre Cardin.

« Le e-commerce est mort, le commerce est vivant » ajoute-t-il. Et pour cela, le vendeur en magasin doit savoir que le canal Web c’est lui aussi pour que ça marche. « Cela fait 25 ans que je fais du déstockage, l’e-commerce a fait revenir le magasin au centre. Maintenant, la question est comment le magasin va-t-il réinventer l’expérience d’achat ? » interroge-t-il.  Résultat, quand quelqu’un entre dans une boutique, il y a intérêt à bien le traiter, recommande-t-il. Côté terminal, Jacques-Antoine Granjon est clair : « Il faut démarrer par le smartphone et plus par le PC à l’ancienne. Bientôt, il n’y en aura plus » annonce-t-il.


Il rappelle le positionnement de vente-privée.com. « Nous sommes au service des marques, pour qu’elles n’aillent pas donner leurs stocks ailleurs. On ne s’intéresse qu’aux marques. Nous sommes tout sauf low-cost. Nous sommes high cost » insiste-t-il.

Le bouillant PDG illustre comment il réagit face aux contraintes qu’il estime abusives, en s’appuyant sur l’innovation technologique. C’est ce qui s’est passé lorsqu’il a considéré que les tarifs qu’on lui demandait pour diffuser son catalogue de vêtements devenaient trop élevés sans raison valable selon lui.   Il est alors passé de mannequins réels à des mannequins virtuels.

Les vêtements étaient photographiés sur des mannequins. « Nous étions le plus gros employeur de mannequins, de maquilleuses, de photographes, … » se rappelle-t-il. Mais lorsqu’il a voulu réutiliser des photos lors de certaines opérations de vente ou diffuser son catalogue sur d’autres pays comme la Belgique, il s’est vu demander de rajouter au pot.

« On m’a dit que c’était plus cher » s’énerve-t-il. Il décrit alors comment il a réagi. « J’ai demandé à un de mes collaborateurs de me trouver un moyen de faire un mannequin virtuel. » Il existait alors des solutions plutôt inabouties dans ce domaine. La bonne solution a été trouvée au bout de six mois, en Suède.

« On a racheté la, société, en partie seulement, parce qu’il faut qu’ils restent motivés » sourit-il. Désormais les mannequins sur le site sont exclusivement virtuels. « Au lieu de faire travailler des mannequins, on fait travailler des ingénieurs » termine Jacques Antoine Granjon.

Quel est son challenge le plus difficile ? « C’est la livraison, c’est très compliqué » regrette-t-il. Face aux difficultés, quel est son gri-gri ? « C’est mon DG qui gère ces difficultés » conclut-il. Vente-privée organise 6100 ventes par an, vend 70 millions de pièces pour 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires.

Photo : Jacques-Antoine Granjon de vente-privee.com et Vincent Ducrey, co-fondateur de Hub Institute.