« Il faut mettre des digital natives aux commandes de la santé en France »

Laurent Alexandre, chirurgien et neurobiologiste

La santé est pilotée par une gérontocratie en France. Elle doit être remplacée par des jeunes digital natives afin que notre pays prennent part à la révolution technologique en cours. Sinon, celle-ci sera confisquée par les géants californiens et ceux de la zone Asie Pacifique. 

Il faut absolument rajeunir les élites du secteur de la santé en France, prendre des gens ayant moins de 40 ans et en finir avec la gérontocratie en place si l’on veut participer à la révolution technologique qui a lieu actuellement qu’il s’agisse de biosynthèse, de robotique, de nanotechnologies ou d’intelligence artificielle.

Les opportunités du numérique


C’est ce que martèle Laurent Alexandre, chirurgien et neurobiologiste, fondateur de Doctissimo. Il a pris la parole lors de l’événement sur les enjeux de la future loi Macron 2, sur les nouvelles opportunités économiques liées au numérique. C’était le 9 novembre au ministère des finances, devant une salle pleine au premier rang de laquelle figurait Emmanuel Macron ministre de l’économie, de l’industrie et du numérique.

« Les gens qui sont aux manettes dans la santé sont une gérontocratie sanitaire. Il va falloir mettre des digital natives si nous voulons participer à la révolution en cours, » plaide Laurent Alexandre.

Et de poursuivre : »si nous voulons créer de la valeur sur le sol français, il faut rajeunir nos élites. Les gens de ma génération sont trop vieux. » Et de citer l’âge du ministre en exemple. « Il faut des gens qui connaissent le futur et s’y intéressent, sinon nous raterons la vague technologique en cours. »

Pas de régulation au départ

Autre remède préconisé  par Laurent Alexandre : il faut générer des milliers de statups car nous ne savons pas quelle innovation va marcher. « Il ne faut pas trop réguler au départ, » insiste-t-il.  Sinon, la valeur va partir aux Etats Unis et en Asie Pacifique comme cela a été le cas pour les médias et les industries culturelles, dit-il. « Il faut aller très vite, sinon nous allons donner un Reich numérique de 1000 ans aux plateformistes californiens [NDLR : les Gafa qui disposent de plateformes technologiques où ils centralisent les données de l’humanité] si nous restons dans le déni, » conseille-t-il.

Il appuie sa démonstration sur l’évolution de la santé sous l’impact des technologies. « En 2035, les automates auront remplacé les infirmières selon Bill Gates, or en France la fonction hospitalière c’est 950 000 personnes qui peuvent difficilement changer d’emploi, cela ne va pas être un long fleuve tranquille, » prévient-il. De même, l’exercice de la chirurgie va être intégralement robotisé. Google y travaille.

Toujours en 2035, des implants dans le cerveau pourront augmenter nos capacités intellectuelles. C’est ce que propose Ray Kurtzweil, directeur de l’ingénierie de Google, cité par Laurent Alexandre.

Vivre 500 ans

On est face à une médecine de rupture selon ce spécialiste. « Google veut euthanasier la mort, le directeur de Google Ventures parle de projets qui vont accroître la vie de 500 ans, et lui-même âgé de 42 ans, pense vivre 500 ans, » pointe Laurent Alexandre. « C’est une rupture radicale par rapport à la médecine traditionnelle qui vise à ce que les gens meurent en bonne santé, » constate-t-il.

En pratique, il cite le coût des manipulations génétiques qui a déjà été divisé par 10 000 en sept ans. Il montre que l’on assiste à une « Watsonisation » de la médecine, parlant de la solution d’intelligence artificielle d’IBM capable d’aider les médecins à porter le bon diagnostic.

Cette révolution technologique s’accompagne de questions éthiques. 50% des jeunes Chinois se disent ainsi intéressés par l’éditing d’embryons afin de modifier leur progéniture sur les plans intellectuels et physique. Cela n’intéresse pour l’instant que 13% des Français, présente Laurent Alexandre.

En conclusion, « le régulateur a beaucoup de mal à voir ce tsunami technologique car il est habitué à vivre au rythme du conseil d’état, » aura lancé comme dernière cartouche Laurent Alexandre, déclenchant le rire d’Emmanuel Macron.

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