Growth Hacking : la recette d’une vidéo à 13 millions de vues chez Tracktl


Un DJ fait danser toute une rame du métro parisien. La vidéo a fait récemment 13 millions de vues.  Derrière cette vidéo, il y a Tracktl, une start-up qui a créé une application de playlist musicale collaborative. Le tournage de la vidéo a été réalisé en deux heures avec des GoPro. Louis Aubert, associé fondateur, explique les recettes du succès. 

Question: votre vidéo dans le métro a fait le tour du web avec plus de 13 millions de vues, 250 000 partages sur Facebook et 70 retombées média, dont le JT de France 2. Comment en avez-vous eu l’idée ?
Louis Aubert : nous voulions créer du contenu autour de notre marque. Notre stagiaire en Growth Hacking (Brian O’Hagan) nous a fait plusieurs propositions. On voulait faire une vidéo fun, qui pourrait buzzer tout en transmettant les valeurs de notre marque « faire profiter de moments festifs et musicaux au plus grand nombre ». L’idée qui nous a plu était inspirée d’une vidéo australienne « Perth Train Party. »

Question : comment avez-vous réalisé cette vidéo ?
Louis Aubert : le projet a été monté en quelques mois. Nous ne voulions pas trop montrer notre marque et nous avons opté pour un animateur extérieur à Tracktl. Jéremy Angelier, qui avait déjà fait quelques vidéos, a été convaincu et nous a suivi dans ce projet.
Le tournage s’est fait en 2 heures, avec une dizaine d’allers-retours sur la ligne 6 du métro. C’était complètement artisanal, quatre étudiants filmaient avec des GoPro. On avait rassemblé une dizaine de figurants bénévoles pour assurer le démarrage de l’animation. On y croyait mais on a quand même était surpris de voir que ça fonctionnait, que de vrais passagers se sont pris au jeu et ont dansé dans le wagon, ça fait tellement plaisir de voir des sourires dans le métro.


Question : selon vous, qu’est-ce qui explique le succès de ce buzz ?
Louis Aubert : c’est une vidéo qui a inspiré les internautes et qu’ils ont eu envie de partager. Dans la lignée des « Feel Good Clip », elle génère un message positif et optimiste ; cela changeait de l’actualité pesante du début d’année.
Je pense aussi que le fait de ne pas trop montrer notre marque, de ne pas en faire juste une publicité a aidé.
Et bien sûr, ce n’est pas un « fake ». Les internautes ont senti la spontanéité des sourires, les vrais passagers, le quotidien du métro.… C’est certainement ce qui a permis tant de partages sur Facebook notamment. Il y a même un mec à New York qui a refait la vidéo en reprenant la même musique et le même slogan – on adore !
ll y a eu des commentaires négatifs bien sûr, du type « c’est un fake, c’est pour une marque », mais ils ont finalement aidé en contribuant à créer la conversation.
Le timing de diffusion est important aussi. Au début, nous voulions la poster le 1er avril, mais nous avons finalement attendu une semaine pour avoir plus de chance de ressortir.

Question : qu’est-ce que cela vous a apporté concrètement ?
Louis Aubert : Beaucoup de notoriété ! Le nombre de fans sur notre page Facebook a triplé et nous avons quelques milliers d’utilisateurs supplémentaires.
Notre but était de toucher les gens de manière positive et de faire connaître Tracktl, et ça a fonctionné. Cet épisode a aussi eu beaucoup d’impact sur notre image de marque et notre crédibilité.

Question : comment avez-vous vécu cette période au sein de l’équipe Tracktl ?
Louis Aubert : il a fallu une bonne semaine après avoir posté la vidéo pour que le buzz prenne, puis c’est devenu incroyable.
On a reçu des milliards de messages positifs. J’ai même eu un appel de ma banquière pour nous féliciter. Gérer ce buzz a pris beaucoup de temps à l’équipe, mais c’était génial cette énergie positive qui affluait de partout. C’était une super dynamique pour les gens qui ont fait le pari de travailler pour une jeune start-up.
Après c’est du buzz, donc c’est éphémère. Maintenant, il faut atterrir et se recentrer.

Question : parlez-moi de Tracktl. Comment avez-vous eu l’idée de créer cette start-up ?
Louis Aubert : l’idée de Tracktl c’est le social jukebox, l’écoute collective. Notre vision de départ était de permettre aux participants d’une soirée de prendre la main sur la musique qui passe, on pensait aux soirées entre potes.
Notre ADN est de faire un produit qui plait au plus grand nombre, mais on a aussi maintenant des offres B to B. On a été contacté par des agences événementielles pour créer du lien dans des soirées d’entreprise. On fait aussi des événements grand public, ou privés avec des playlist de mariage par exemple, et des sonorisations d’espace comme au Club Med de Val Thorens cet hiver.

Question : quel est votre Business Model ?
Louis Aubert :
l’application est gratuite pour le grand public. Nous proposons des abonnements mensuels pour les lieux à sonoriser et une prestation spécifique pour les soirées événementielles.

Question : qu’est-ce qui t’a donné envie d’entreprendre si jeune, ton environnement familial, ton expérience américaine ?
Louis Aubert : en effet, j’ai passé deux ans à San Diego, à l’université et en stage. J’ai été marqué par l’esprit d’entreprendre des Américains et leur ambition.
J’ai commencé à m’intéresser aux start-ups là-bas et j’ai squatté des conférences à San Francisco. A mon retour à Paris, j’ai découvert l’éco-système des start-ups parisiennes, j’ai participé à des start-ups week-end. J’ai beaucoup appris en partageant avec des entrepreneurs.
Le fait qu’il y ait beaucoup d’entrepreneurs dans ma famille m’a aidé aussi, ils m’ont laissé faire quand j’ai souhaité créer ma propre entreprise.

Question : quels conseils donnerais-tu à des jeunes qui ont envie d’entreprendre ?
Louis Aubert : apprendre les bases du code me semble vraiment nécessaire pour comprendre la technique, surtout pour créer une start-up dans le digital.
Je conseille aussi d’aller voir de jeunes entrepreneurs, et pas uniquement ceux qui réussissent.
Et bien sûr, il ne faut pas avoir peur de parler de son idée. Il faut même en parler le plus possible. Outre le feedback reçu, cela permet de réfléchir à son concept à chaque fois.

Question : question subsidiaire, quels sont vos outils digitaux préférés ?
Louis Aubert :
chez Tracktl, nous utilisons beaucoup la suite Google Drive. Nous utilisons Slack pour parler travailler en équipe, discuter et partager et Streak pour le CRM.

Un financement par Simoncini-Niel-Granjon

Tracktl est hébergé chez l’incubateur Petit Poucet. Il a fait partie des projets financés par le trio Simoncini, Niel et Granjon et figure cette année parmi les 100 starts-up où investir Challenges.

Avec la solution de Tracktl, les participants d’une soirée proposent des chansons et votent pour les propositions des autres.

Revivez les grands moments de ce buzz avec ce storify :

 

Véronique Colbert

Véronique Colbert est spécialiste du marketing client. Elle a débuté sa carrière en institut d’études marketing où décrypter les comportements clients est devenu une deuxième nature. Elle a ensuite travaillé chez l’annonceur et découvert le CRM. Elle travaille sur des sujets tels que le parcours client, la fidélisation et l'engagement.

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