Google mis en accusation par le patron du groupe de médias Axel Springer


Dans une lettre ouverte au président de Google, le patron du groupe de médias Axel Springer fait part de sa peur face à la puissance de Google. Facebook est aussi pointé du doigt pour son manque de respect de la vie privée. La Commission Européenne en prend également pour son grade. 

Dans une – longue – lettre ouverte publiée dans le journal allemand, Frankfurter Allgemeine Zeitung, mercredi 16 avril (et publiée en anglais jeudi par le journal), Mathias Dopfner, Directeur Général du groupe Axel Springer, un des groupes de médias les plus puissants d’Europe, déclare que sa société a peur de Google et de sa puissance.

Le premier à oser dire tout haut


Le DG d’Axel Springer affirme qu’il est le premier à oser faire part de cette peur publiquement parmi ses pairs dans les médias, un secteur qu’il considère comme subissant le poids de Google avant les autres.

Il demande, dans cette lettre très argumentée adressée au patron de Google, Eric Schmidt, qu’il connaît depuis des années, si Google a l’intention de créer un super état où les lois anti trust et de protection de la vie privée ne s’appliquent pas. Facebook se voit pour sa part critiqué pour son mépris du respect de la vie privée.

La Commission Européenne n’y comprend rien

Quant à la Commission Européenne, elle est accusée de ne rien comprendre à ce qui se déroule sous ses yeux. Au final, Mathias Dopfner projette un univers où les consommateurs sont devenus transparents et manipulables, que ce soit économiquement ou politiquement. Il reconnaît toutefois que Google ne peut résoudre à lui seul les problèmes posés par les géants du numérique, y compris Amazon ou Facebook.

Mais Google selon Mathias Dopfner peut donner – pour son propre bénéfice à long terme – le bon exemple. Google peut apporter de la transparence. Cette transparence doit avoir lieu dans les algorithmes de son moteur de recherche, qui doit être basé sur de stricts et clairs critères quantitatifs et dont les modifications doivent être communiquées, également en ne stockant pas les adresses IP des internautes, en détruisant les cookies automatiquement après chaque session, et en n’archivant le comportement d’un client que si celui-ci l’autorise explicitement. De même, il demande que Google explique les objectifs de ses acquisitions et des travaux de ses laboratoires.

Nous payons avec l’exploitation commerciale de notre comportement

« Dans le joli monde coloré de Google, tellement de choses paraissent gratuites, en fait, nous payons avec notre comportement, avec la prédictibilité et l’exploitation commerciale de notre comportement » rappelle le DG. Google est la banque la plus puissante au monde, et une banque dont la seule monnaie est constituée de nos comportements, affirme-t-il.

La lettre se conclut sur l’avertissement que les monopoles ne survivent pas en économie. Il peut y être mis fin par la concurrence ou par leur propre complaisance , deux scénarios toutefois improbables pour Google selon Mathias Dopgner,  ou ces monopoles peuvent être restreints par des initiatives politiques, à l’instar d’IBM ou de Microsoft récemment.

Le démantèlement de Google

« Une autre façon serait une démarche volontaire de restriction de la part du gagnant. Serait-il intelligent d’attendre jusqu’à ce que le premier homme politique de poids demande le démantèlement de Google, ou pire jusqu’à ce que les gens refusent de suivre ? Tant qu’ils le peuvent ? Pour la plupart, nous ne le pouvons déjà plus » termine-t-il, dans une forme d’élégance désespérée. Toute sa lettre souligne à quel point Google joue selon des règles du jeu entièrement manipulées à son propre avantage, selon le DG.

Le groupe Axel Springer publie plus de 200 journaux et magazines, dont Die Welt et Das Bild. Il est également présent sur internet, et a des intérêts dans la télévision et radio. La lettre est une réponse à un article d’Eric Schmidt, président exécutif de Google qui cite à plusieurs reprises les relations publicitaires entre le groupe Axel Springer et Google.

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Photo, Mathias Dopfner, Directeur Général du groupe Axel Springer.

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