« Face au Big Data, le corps médical va perdre le pouvoir », selon le fondateur de Doctissimo


Les données sur l’être humain s’amoncellent à l’heure du séquençage du génome humain et de la thérapie génique. Le corps médical va perdre le pouvoir au profit de sociétés comme Google. C’est ce qu’annonce Laurent Alexandre, chirurgien et entrepreneur. 

La valeur de la médecine et du système de santé français va partir vers la Californie, vers Google, vers les « infomédiaires », les intermédiaires spécialistes de l’information. C’est ce qu’annonce Laurent Alexandre, chirurgien et pionnier d’internet, créateur du site web Doctissimo. Il a pris la parole lors de l’événement Cloud d’Oracle le 28 Janvier à Paris.

Les médecins ne maîtrisent pas le Data Mining


En médecine, « le Datamining devient plus important que le stéthoscope » déclare-t-il. Il décrit une médecine française coupée des enjeux technologiques. « Les médecins maîtrisent très mal le Datamining et le Big Data. Le corps médical va perdre le pouvoir » dit-il. Le système de santé va être « rebooté« , un mot que les médecins ne comprennent pas sourit Laurent Alexandre.

Le pouvoir ne passera pas pour autant aux malades. « Le pouvoir des malades va baisser. Ce n’est pas dans les forums de Doctissimo – j’ai bien fait de le vendre à Lagardère – que l’on pourra discuter de cette complexité » affirme le chirurgien conférencier.

Ce changement d’époque provient de l’émergence des technologies qu’il baptise NBIC (Nano, Bio, Info, Cogno) et où il estime que la France est inexistante. Il s’agit de la convergence des Nanotechnologies (au niveau des atomes), des Biotechnologies (qui agissent sur les gènes), l’Informatique  et les sciences Cognitives (au niveau des neurones). Ces technologies sont en train de monter en puissance de manière linéaire.

La vague NBIC prend la suite de la vague ATACE des années 1890. L’ATACE c’est l’Aéronautique, le Téléphone, l’Automobile, la Chimie et l’Electricité. Une vague où la France avait pris toute sa place, mais ce qui n’est pas le cas avec les NBIC.

Le séquençage du génome démocratisé

« La quantité de données de notre dossier médical va être multipliée par 1 million » prévoit-il. La démocratisation du séquençage du génome humain illustre cette avancée vers l’amoncellement des données sur l’être humain. Ce séquençage permet d’identifier les risques de maladies que pourra déclarer une personne dans sa vie. Le coût du séquençage a été divisé par 3 millions. Il se situe aux alentours de 1000 dollars et est réalisé en quelques heures. Le coût de la thérapie génique – où l’on intervient sur un bout de la chaîne ADN – été divisé par 1000.

« 1 million de personnes sont séquencées à ce jour. On sera tous séquencés dans les dix ans qui viennent, dans cette salle » déclare-t-il. Et on retrouve Google. « Le co-fondateur de Google Sergey Brin a appris en 2010 qu’il avait un risque d’attraper la maladie de Parkinson, et non en 2040 quand les premiers signes pouvaient se manifester » décrit-il. Pour le créateur de Google, la tentation est donc grande d’orienter les développements vers la cure de cette maladie. Au final, pour l’ensemble de la population, les questions éthiques vont devenir cruciales.  « Il faudra choisir entre vivre 75 ans sans les NBIC ou vivre 1000 ans avec les NBIC » conclut-il.

Laurent Alexandre, chirurgien, conférencier et auteur

Chirurgien et urologue de formation, Laurent Alexandre est également diplômé de Science Po, d’HEC et de l’ENA. Hyperactif et pionnier d’internet, ce coureur de marathon est le co-fondateur, dans les années 90, de Doctissimo.fr avec Claude Malhuret. Auteur en 2011 d’un essai intitulé « La mort de la mort », il s’intéresse aujourd’hui aux bouleversements que va connaître l’humanité conjointement aux progrès de la science en biotechnologie.

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