« En France, on a besoin de synergiseurs capables de faire réussir les projets » pour le DG d’Ecole 42


La France a besoin de « synergiseurs », de professionnels capables de faire naître des solutions en faisant collaborer des équipes de spécialistes.  C’est la vision défendue par Nicolas Sadirac, Directeur de l’école 42 qui regrette le poids d’une élite corporatiste dans l’hexagone. 

La Revue du digital : quels seront les métiers du numérique de demain ? Quels types de profils vont apparaître ? Y-aura-t-il des penseurs d’un côté et des développeurs d’un autre ?

Nicolas Sadirac : Je ne vois pas de frontière entre penseur et développeur. La créativité et la collaboration sont essentielles. Il faut former des gens créatifs et collaboratifs.  La maîtrise d’outils, comme la programmation, est plus simpliste. L’important est de créer le logiciel avec le client et avec l’utilisateur. Notre point de vue à école 42 est qu’il faut des gens capables de co-inventer avec les clients. Bien transcrire ensuite en logiciel, c’est le petit bout de la lorgnette.


La Revue du digital : comment peut-on préparer des professionnels à des métiers du numérique que l’on ne connaît pas ou que l’on ne maîtrise pas encore ? Faut-il enseigner un corpus de connaissances en mathématiques, statistiques, marketing et business ?

Nicolas Sadirac : Déjà, je ne crois pas à la notion de métier. Je n’imagine pas des gens faisant le même métier durant dix ans. Il faut décloisonner. Il faut des gens agiles.  Il faut rendre les gens agiles, capables de co-inventer, de collaborer.

Personnellement, je ne pense pas qu’il faille ce corpus [NDLR : en mathématiques, statistiques, …].On ne manque pas de ces compétences. Par exemple, il y a pléthore de docteurs en mathématiques en France. On manque de gens capables de faire travailler les gens ensemble. Je les appelle les « synergiseurs. » C’est différent d’un chef d’orchestre que l’on suivrait. Il s’agit de mettre les gens ensemble pour faire tourner les problématiques, faire émerger la conscience de ce qu’il faut faire.

Il s’agit de faire une œuvre collective, que personne dans le groupe ne pouvait prévoir avant. Un exemple c’est le viaduc de Millau. Chacun avait sa problématique, le désenclavement de la région, le respect de la nature, les contraintes d’ingénieur, … Quelqu’un a « synergisé » tout ça et cela donne un monument classé au patrimoine mondial. Ce sont les processus que nous voulons mettre en place.

La Revue du digital : Comment la France et l’Europe doivent-elles se positionner afin de réussir face l’hégémonie américaine ou chinoise ?

Nicolas Sadirac : La France est un carrefour en Europe, entre le Nord – qui est carré – et le Sud – Latin. Nous devons cultiver cette spécificité entre nos côtés latin et allemand. Notre chance est là. Nous sommes à la fois très créatifs et rigoureux.

Le problème de la France c’est qu’il s’agit d’un pays ultra-corporatiste avec une prégnance des élites qui se protègent.  Nous jouons la course de la concurrence internationale avec 10% de la population. Le système des élites est d’ailleurs en train lui-même d’en mourir.

Quant à l’Europe, les processus européens sont peu appliqués. La France ne respecte pas du tout le processus de qualification des métiers définis par l’Europe. La France a triché dans le système de classification des diplômes européens. Tout cela vient du fait que l’Europe fonctionne sur la base du consensus. Dès qu’un pays n’est pas d’accord, on entre dans le politique et non dans le technique. L’Europe manque de pouvoir.

Photo, Nicolas Sadirac, directeur de l’école 42 co-fondée avec  Xavier Niel, patron de Free.

Une réaction sur “« En France, on a besoin de synergiseurs capables de faire réussir les projets » pour le DG d’Ecole 42” :

  1. Alain Guercio

    Dans la famille des « synergiseurs », professionnels capables de faire naître des solutions en faisant collaborer des équipes de spécialistes, je vous propose : le Business Analyst !

    L’International institut of Business Analysis (IIBA) est une association professionnelle à but non lucratif dans le but de soutenir et de promouvoir la discipline de l’analyse entreprise. IIBA a été créée en octobre 2003 et est devenue la principale association dans le monde de l’analyse entreprise(26.500 membres dans 109 pays en 2013). [source : wikipedia.fr]

    Vous pouvez en savoir plus auprès du chapitre français : IIBA-France sur france.iiba.org/

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