Directeur digital de la SNCF : « il nous faut prouver la valeur de l’internet des objets »

Yves Tyrode, directeur digital et communication de la SNCF

Les équipes opérationnelles doivent devenir les avocats de l’internet des objets pour que celui-ci réussisse et prouve sa valeur à grande échelle. C’est le message que veut faire passer Yves Tyrode, directeur digital et communication de la SNCF.

Depuis deux ans, les technologies nécessaires à un internet des objets qui fonctionne sont là, estime Yves Tyrode. Il lui reste à passer au déploiement à grande échelle, à l’industrialisation, et à prouver la valeur économique, en s’appuyant sur le prédictif.


Des opérationnels partie prenante

Dans cette aventure de création d’un nouvel internet industriel,  il lui faut absolument obtenir l’adhésion des opérationnels, les gens de terrain qui ont la responsabilité de la maintenance du matériel, du réseau ou des gares.

Ces équipes doivent considérer cet internet industriel comme une opportunité, sinon cela ne sert à rien. »Il est fondamental qu’ils soient les principaux avocats de cette cause, » souligne Yves Tyrode. Il a pris la parole à l’occasion de l’événement Netexplo à Paris, le 11 février.

« Il faut faire en permanence le lien entre les gens qui sont sur le terrain qui savent dont ils ont besoin, et les technologues, c’est à dire nous, » résume Yves Tyrode.

« Le vrai risque c’est que l’on déploie des drones ou des capteurs à des endroits qui ne sont pas totalement utiles. Très souvent on peut être amenés à faire des choses extrêmement compliquées qui finalement n’ont que peu d’intérêt pour les opérationnels, » reconnaît-il.

Des capteurs partout

Il décrit une SNCF où il y aura des capteurs partout. « Des capteurs , on va en mettre vraiment partout. Les drones ne seront qu’une petite partie de là où on en met, » dit-il. Sachant que pour lui, un drone c’est des capteurs qui servent à générer de la data, pour améliorer les processus. Avec ces drones, « on a de la télésurveillance des voies, et il y a des drones plus précis qui servent à vérifier s’il y a des fissures sur les ouvrages d’art, » précise-t-il.

Dans cette aventure de l’internet des objets, la bonne nouvelle selon lui, c’est que les technologies dont il avait absolument besoin commencent à être là. « Il fallait des capteurs à très basse consommation d’énergie, parce que avant avec le ‘machine to machine, on ne savait pas faire, on était complètement bloqué, parce qu’il fallait de l’énergie, et cela ça ne marchait pas, » rappelle-t-il. Avoir des capteurs autonomes à très bas coût c’est le premier sujet.

Le deuxième sujet c’est des réseaux télécoms de nouvelle génération pour remonter l’information, dit-il faisant référence aux réseaux de Sigfox et LoRa de Bouygues Télécom et d’Orange.

Les technologies commencent à être industrielles

« Et après il faut du Big Data pour traiter tout ça. Ce tryptique magique, les technologies permettent de le faire. Il existe, il commence à être industriel, » se réjouit-il.

Il poursuit : »les besoins des agents sur le terrain on voit que l’on y répond. Les tests sont très encourageants. » Il lui faut passer maintenant d’expérimentations à des déploiements industriels et passer à l’échelle. « Or passer à l’échelle c’est la chose la plus difficile au monde, » prévient-il.

Le gros sujet devant lui c’est l’industrialisation de tout ça, que cela ait un impact économique, sur la qualité de service, que cela modifie les modèles économiques de la SNCF. « Là, nous avons la charge de la preuve, » revendique-t-il.

Intervenir avant la panne

Afin d’atteindre ces objectifs, il lui faudra réussir la maintenance prédictive, c’est à dire comment réparer avant que cela ne casse.  « La finalité de ces nouvelles technologies c’est l’amélioration de la qualité de service, et baisser les coûts, » martèle-t-il.

Il entend travailler avec les gens en charge de la maintenance et pas à côté d’eux. Il faut que pour les patrons de la maintenance du réseau, des gares et des matériels roulants, l’internet industriel devienne l’outil qui leur permette d’améliorer leur outil de production.

« Nous testons énormément de choses à Toulouse avec les opérationnels pour qu’ils prennent les choses en main. Sinon ils vont considérer cela comme une technologie qui va peut être se substituer à des gestes ancestraux et cela ne marchera pas, » conclut-il.

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