Blockchain : Casino s’est entraîné sur des pots de miel

Martin Calmels, directeur de l’innovation du groupe Casino

Casino rejoint Carrefour et Auchan dans la communication sur la blockchain. « La blockchain est un outil de traçabilité alimentaire, de transparence sur la composition des produits à destination des consommateurs afin de les rassurer et d’aide en cas de rappel de produits« , résume Martin Calmels, directeur de l’innovation du groupe Casino qui pilote le projet. Il a pris la parole à l’occasion de l’événement Blockchain  Paris qui s’est tenu les 27 et 28 novembre.

Des produits largement contrefaits


Un premier cas d’usage a été déployé très rapidement, en 3 mois, en juillet 2018 chez le distributeur : le suivi de pots de miel commercialisés sous la marque Casino dans 400 points de vente de l’enseigne. Le fournisseur de miel est la coopérative Naturalim. « C’est un cas d’usage qui cible les clients » déclare le directeur.

Le suivi de pots de miel a été choisi par facilité. « Il y a un vrai enjeu pour le consommateur car le miel est un produit largement contrefait. Du faux miel peut provenir de pays étrangers » prévient le responsable. Autres raisons du choix de ce produit, le miel est un produit faiblement transformé, cela simplifie sa traçabilité et c’est un produit à faible rotation en magasin. Il n’y a pas de centaines de ventes par magasin chaque jour.

Deux autres produits seront suivis par blockchain d’ici deux semaines. Toujours sous une marque distributeur, ce sont les œufs de plein air – avec la coopérative l’œuf de nos villages- et la volaille Label Rouge – avec la coopérative Terrena. « On va s’entraîner sur des produits frais et à plus forte rotation. On évolue petit à petit en complexité » relève le responsable. Au 1er trimestre 2019, un projet sera commun avec Franprix, une des enseignes de Casino, avec des marques nationales.

Organiser le retrait de produits en cas d’alerte

Dans le même temps, Casino travaillera plus particulièrement sur l’optimisation du retrait et du rappel de produits en magasin en cas de problème sanitaire par exemple. On se souvient que ce processus avait créé beaucoup de soucis lors de l’affaire Lactalis récemment. Des produits laitiers contaminés étaient encore retrouvés en rayon alors qu’ils étaient censés avoir été retirés.

« Les clients pourront savoir en scannant leur produit s’il est concerné ou pas » annonce Martin Calmels. « Aujourd’hui, s’il y a un rappel de produits, le magasin ne saura pas dire s’il a des produits et combien sont concernés par le rappel parce qu’il n’a pas le détail des numéros de lots qui ont été vendus ou pas, et sont encore en rayon. Demain, on serait capable de dire quel magasin est concerné par un retrait de produits » présente-t-il.

Dans la blockchain, les fournisseurs envoient des données sur leurs produits : lieu de fabrication, numéro de lot, date d’expédition, la DLC (Date Limite de consommation), etc. Casino pour sa part injecte les données sur la date de réception, le lieu de réception, la date d’expédition vers les magasins, … Le client aura accès à toutes ces informations.

Le QRcode est un moyen simple de s’informer

En ce qui concerne les pots de miel, le suivi a été effectué au niveau du lot. Le consommateur accède à des informations en scannant un QR code placé sur le produit via une WebApp. « Le QRcode imprimé sur les produits est le moyen le plus simple que l’on ait trouvé » explique le directeur de l’innovation. Il s’agit d’éléments dynamiques issus de la blockchain comme la DLC et des éléments statiques, liées au marketing, tels que la description du fournisseur.

Au passage, ces scans via mobile remonteront des informations chez Casino, dont la géo-localisation du produit qui a été vérifié, et un distributeur est toujours intéressé par récupérer de la donnée venant de ses clients, reconnaît le distributeur. Un autre cas d’usage se dessine, ajoute Martin Calmels, c’est une meilleure gestion des approvisionnements en tenant compte des DLC.

Le projet amène comme bénéfice l’historisation des informations. Le projet a mis en évidence les modifications qu’impose la blockchain. Les fournisseurs doivent doter leurs produits d’étiquettes QRcode. « Cela amène un time to market long » regrette le responsable. Casino pour sa part, doit modifier ses processus en entrepôt et en magasin, et ses outils informatiques afin de passer par une étape de scan afin d’authentifier les produits, et intégrer les données logistiques concernant l’entrepôt et le magasin sur le produit fini. « A ce stade, le taux de retour sur investissement apparaît faible à court et moyen terme », reconnaît le directeur de l’innovation.

Contrefaçon facile avec le QRcode

Certains notent qu’un problème soulevé par l’usage du QRCode dans le dispositif est qu’il peut être aisément falsifié, par exemple en apposant sur des produits contrefaits un QRCode copié sur un produit valable. Ce type de contrefaçon pourra être détecté par exemple en constatant qu’un produit censé être en France est détecté en Chine.

La plateforme technique retenue est celle d’une jeune pousse française Tilkal, qui a bâti sa solution à partir de la blockchain Multichain disponible en Open Source. Le groupe Casino a réalisé 38 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2017. Il détient 12 200 magasins dans le monde dont quasiment 10 000 en France, et emploie 227 000 personnes. Le groupe Casino réunit les enseignes Casino, Géant, Franprix, Monoprix, Leader Price, Vival, Naturalia et CDiscount.

2 réactions sur “Blockchain : Casino s’est entraîné sur des pots de miel

  1. Erasia

    Bonjour

    N’y aurait-il pas un problème avec les chiffres du dernier paragraphe ?

    La répartition CA global sur nombre de magasin (12 200 dans le monde vs 10 000 en France)

    Si non, cela donne des stats amusantes, notamment sur le CA hors-France vs CA France.

    Loi 20 / 80 ? ah ah

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